Après les multiples pressions des pays occidentaux, Emmanuel Macron pourrait se retrouver en Israël au bon moment et obtenir que l’aide humanitaire puisse passer de façon plus importante.
Visite de Macron en Israël : « C’est indispensable d’y aller pour exister diplomatiquement, mais il faut rester modeste sur ce que la France peut obtenir »
Presse
23 octobre 2023
Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il attendu dix-sept jours après l’offensive du Hamas pour se déplacer en Israël ?
Au départ, il a certainement voulu voir l’évolution de la situation. Ensuite, il était difficile pour lui de se déplacer en Israël en même temps que le président américain puisqu’il y a une sorte de priorité, les Etats-Unis étant un acteur majeur dans la région.
Pour autant, il était difficile pour Emmanuel Macron de ne pas y aller. Notamment en raison des liens avec Israël et parce qu’il y a des Français parmi les otages du Hamas. Bien que la France n’a aucune relation ou de contact direct avec le Hamas, donc la libération des otages ne dépend pas directement d’elle. Et je ne suis pas sûr que les éventuelles pressions sur Israël puissent être efficaces pour obtenir un comportement plus mesuré de leur part, qui soit dans le respect du droit international.
Emmanuel Macron a répété vouloir faire ce déplacement seulement si cela permettait d’« obtenir des éléments utiles » pour la région. Que peuvent-ils être ?
Dans le meilleur des cas, il peut avoir une influence sur l’attitude du gouvernement israélien par rapport à la suite du conflit et obtenir la libération d’otages français.
Mais on sait très bien qu’Israël écoute très peu la France. Si ce sont des questions de sécurité qui sont en jeu, Israël agit en fonction de ses impératifs. Ils peuvent éventuellement faire attention à ce que disent les Etats-Unis, mais ni la France, ni les Européens n’ont réellement d’influence sur le comportement d’Israël quand il s’agit de paix et de guerre. Le président peut au moins tenter d’éviter une opération massive israélienne dans Gaza qui mettrait en danger la vie des otages.
Concernant l’aide humanitaire, le président peut-il obtenir davantage que le passage de l’aide internationale vers la bande de Gaza par l’Egypte ?
Est-il envisageable qu’Emmanuel Macron se déplace dans un autre pays qu’Israël, en Egypte ou au Liban par exemple ?
Si Emmanuel Macron ne se rend qu’en Israël, ce voyage paraîtrait comme déséquilibré. Il faut au moins qu’il aille dans un pays arabe, pour respecter l’attitude traditionnelle diplomatique de la France sur le conflit israélo-palestinien. C’est une sorte d’obligation diplomatique pour que ce voyage soit considéré comme pouvant amener une accalmie et une aide humanitaire, et ne soit pas seulement un voyage de soutien à Israël.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue samedi en Israël, suscitant de nombreuses critiques…
Qu’elle vienne avant le président, ça peut se comprendre. Mais la présidente de l’Assemblée nationale n’a pas représenté la position traditionnelle du Quai d’Orsay. D’ailleurs, des parlementaires disent qu’ils n’ont pas à être dirigés par le ministère des Affaires étrangères et qu’ils ont leurs propres positions [Sylvain Maillard, chef du groupe Renaissance à l’Assemblée, a notamment assumé ne pas prendre « [ses] ordres au Quai d’Orsay », NDLR]
Propos recueillis par Richard Godin pour L’Obs.