ANALYSES

Rachat de Newcastle par l’Arabie Saoudite : « Le royaume utilise le sport comme vitrine »

Presse
13 octobre 2021
Interview de Pascal Boniface - Ouest France
Quel est le but du rachat de Newcastle par les Saoudiens ?

Se donner une visibilité car la Premier League est le championnat le plus diffusé et surtout améliorer l’image de l’Arabie Saoudite qui n’est pas au beau fixe à cause de la guerre au Yémen et l’assassinat de Jamal Kashoggi (journaliste tué au sein du consulat saoudien en 2018). Miser sur le sport, un facteur de rassemblement, fait partie de la stratégie.

C’est un tournant dans la stratégie de soft power du pays ?

Pas tout à fait car le pays a déjà accueilli le Paris Dakar, de grands matches de boxe et bientôt un Grand Prix de Formule1 pour se donner une vitrine. C’est vraiment la continuité même si c’est une marche supplémentaire. « Il y a un effet rattrapage ».

C’est aussi une façon d’envoyer un message à ses rivaux émiratis et qataris ?

Il y a un effet rattrapage car les Saoudiens sont partis beaucoup plus tard dans l’investissement dans le sport que leurs rivaux. Les précédents dirigeants accordaient peu d’importance à l’image du pays, tout l’inverse du prince héritier Mohamed ben Salmane. Ils sont perçus de façon plus négative que les Émirats arabes unis et le Qatar parce que leurs lois sont plus rétrogrades. Leurs voisins sont désormais considérés comme des sociétés modernes et mondialisées, le Qatar organise d’ailleurs la Coupe du monde 2022.

Le timing est idéal ?

Oui car l’affaire Kashoggi commence à être oubliée. On voit aussi qu’il n’y a pas eu beaucoup de protestations en Angleterre, l’opinion publique est passée à autre chose. Cela a aussi été rendu possible car la querelle entre l’Arabie Saoudite et le Qatar est
en passe d’être réglée, le blocus est terminé et les Saoudiens ont cessé de pirater la chaîne beIN Sport.

Quelle sera la prochaine étape ?

Il y aura peut-être un autre club majeur acheté dans un gros championnat. On voit qu’il y a une course dans l’achat de clubs par les grandes fortunes. Cela a commencé par des milliardaires américains puis des fonds d’investissement, après quelques fortunes asiatiques et le Golfe maintenant. Il y a un marché mondial des clubs et cela risque de continuer, à moins que des mesures restrictives soient mises en place.

 

Propos recueillis par Victor BOUTONNAT pour Ouest France.
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