ANALYSES

« Au Pentagone, on considère l’Iran parmi les cinq plus grandes menaces »

Presse
14 juin 2019
Comment peut-on expliquer les vives tensions au Moyen-Orient après les attaques contre des pétroliers dans le Golfe d’Oman ?

Ces deux incidents suivent quatre incidents du même type il y a un mois et au même moment, un assaut de drones armés contre l’oléoduc est-ouest en Arabie Saoudite. S’ajoutent de nouvelles attaques par les rebelles houthis contre des objectifs civils en Arabie Saoudite, le renforcement militaire américain dans la région… Quand on regarde tout cela, on a un tableau géopolitique extrêmement inquiétant avec une montée des tensions autour de l’Iran, de la part des États-Unis et de ses alliés au Moyen-Orient, arabes et israélien.

Mais à qui profite le crime, ça ne paraît pas clair à l’heure qu’il est ?

Beaucoup de gens pensent soit à une attaque directe des Gardiens de la révolution, soit indirecte par un groupe influencé par l’Iran. Nous n’avons pas la preuve par neuf même si l’Arabie saoudite et les États-Unis ont désigné l’Iran qui a fortement démenti.

Quels seraient les intérêts iraniens à déclencher une crise ?

Le retrait américain de l’accord sur le nucléaire a renforcé les durs à Téhéran. L’Iran veut montrer qu’il est une puissance régionale avec une capacité de nuisances. L’autre raison est liée au marché pétrolier. Le prix du pétrole est à la baisse. L’Iran produit et exporte de moins en moins depuis le retour des sanctions américaines décidées par Trump en 2018. La stratégie pourrait être de chercher à faire augmenter le prix du baril.

Pourquoi Donald Trump et les États-Unis restent-ils aussi virulents à l’égard de l’Iran ?

Depuis 1980 et l’envahissement de l’ambassade américaine à Téhéran, les deux pays n’ont pas de relations diplomatiques. Même Obama, qui a signé l’accord sur le nucléaire iranien en 2015, ne les a pas rétablies. La défiance historique n’a pas disparu et même si on peut tout discuter, les reproches américains sont nombreux avec le nucléaire, les missiles balistiques, les menaces sur les alliés arabes et israélien… Au Pentagone, on considère l’Iran parmi les cinq plus grandes menaces avec la Russie, la Chine, la Corée du Nord et le djihadisme.

Assiste-t-on à une escalade dangereuse ?

L’administration Trump est très hostile à l’égard de l’Iran mais le président Trump a décidé un renforcement militaire modéré avec 1 500 militaires de plus. Il ne veut pas la guerre, l’Iran non plus mais parfois, un enchaînement d’incidents peut la provoquer. Les Iraniens ont décidé de tenir, de faire le gros dos jusqu’aux prochaines élections américaines en novembre 2020.
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