ANALYSES

Tenaillée par les fonds spéculatifs, l’Argentine bientôt en faillite ?

Presse
17 juin 2014
Comment l’Argentine en est-elle arrivée à être condamnée à payer 1,33 milliard de dollars d’amende ?



L’Argentine s’est beaucoup endettée en 2001, ce qui avait provoqué la chute du gouvernement et le départ du président. Par la suite, les autorités ont suspendu unilatéralement le paiement de la dette qui affectait les Argentins.


Ensuite, une décote de 70% a été proposée aux créanciers qui ont quasiment tous accepté, sauf un petit nombre qui ont revendu leur partie de la dette à des fonds spéculatifs qui ont saisi les tribunaux américains afin d’obtenir le remboursement à 100%. C’est donc pour cette raison que l’Argentine se retrouve condamnée en appel par un tribunal de New York.


Pourquoi ces créanciers refusent la restructuration de la dette comme l’ont fait les autres ?



Ce sont des fonds spéculatifs, appelés aussi fonds « vautours », qui jouent au poker en permanence et ont des réserves financières importantes. Ils considèrent qu’ils peuvent faire un investissement judiciaire. S’ils gagnent, ils seront remboursés au centuple. Des sociétés se sont spécialisées dans le recouvrement des dettes privées pour récupérer la mise à la fin.


Christina Kirchner a tenté de rassurer en expliquant que l’Argentine ne sera pas en défaut de paiement le 30 juin prochain. Comment va-t-elle faire pour payer la somme astronomique à NML Capital et Aurelius Management (fonds spéculatifs-vautours) ?



Le problème est que l’Argentine n’est plus dans l’aisance financière de 2005. A l’époque, la balance du commerce extérieur argentin était positive ; elle a donc pu se passer du crédit international parce qu’elle pouvait vivre de ses revenus, mais ce n’est plus le cas.


Il y a un doute sur l’avenir parce que si certain créanciers obtiennent un remboursement à 100% par un tribunal américain, cela voudrait dire que d’autres pourraient suivre cette procédure, et que les 93% qui avaient accepté un accord n’ont aucune raison de continuer avec ce compromis dans la mesure où 7% ont obtenu plus.


Et s’ils remettent en cause les accords avec le gouvernement argentin, le pays est en faillite parce qu’il n’a pas les moyens de rembourser.


Que se passerait-il si l’Argentine se retrouvait en défaut de paiement ?



C’est un scénario catastrophe qui signifierait un retour à la case départ. Pas simplement pour le pays mais aussi pour les Argentins dans leur vie quotidienne. Sans ce problème, la situation actuelle est déjà difficile. Le gouvernement a rétabli le contrôle des changes depuis l’année dernière, ce qui rend les déplacements des Argentins à l’étranger plus compliqués.


La population pourrait revivre des moments aussi dramatiques que ceux de 2001. Et ils ne sont plus en mesure de taper du poing sur la table comme l’avait fait Nestor Kirchner en 2005 quand la croissance de l’Argentine était de 7 ou 8 points par an.


 

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