ANALYSES

Poutine a-t-il vraiment voulu « humilier » Macron avec sa table XXL ?

Presse
9 février 2022

Quel bilan peut-on tirer du déplacement d’Emmanuel Macron en Russie et en Ukraine ?


Le voyage en soi est déjà positif. Emmanuel Macron a joué son rôle de président de la France, de président du Conseil de l’Union européenne et de membre du format Normandie qui réunit l’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne, créé pour appliquer les accords de Minsk pour la guerre du Donbass. Je ne sais pas s’il y a vraiment désescalade. En tout cas, il n’y a plus d’escalade supplémentaire. Emmanuel Macron a joué un rôle d’apaisement. D’ailleurs Vladimir Poutine a réitéré qu’il n’avait aucunement l’intention d’envahir l’Ukraine. Il y a un certain apaisement au moins au niveau des déclarations. Le bilan de la visite est relativement positif mais personne n’en attendait des montagnes.

Vladimir Poutine n’a rien dit sur l’avenir des 120 000 soldats russes aux frontières de l’Ukraine.


Cela fait dix ans qu’il y a 100 000 soldats russes qui manœuvrent à la frontière de l’Ukraine. Ils vont, ils viennent, ils repartent. Il y a des manœuvres similaires du côté de l’Otan dont on parle moins. Ce qui est nouveau de mon point de vue, c’est que pour la première fois un dirigeant occidental a reconnu que la Russie aussi pouvait avoir des préoccupations de sécurité.

Que va-t-il se passer ces prochaines semaines ?


Les négociations vont se poursuivre dans le cadre du format Normandie. Des négociations vont aussi se poursuivre entre les Etats-Unis et la Russie sur la sécurité globale en Europe.

Certains ont vu l’immense table qui séparait Vladimir Poutine d’Emmanuel Macron comme un symbole de distance voire d’humiliation.


Sûrement pas ! C’est la table qui existe. Moi j’ai négocié dans le passé autour de cette table. Avant le Covid-19, on était déjà de chaque côté de la table du côté étroit et, après le Covid, Vladimir Poutine reçoit ses invités de chaque côté. Il y a cinq mètres, ce n’est pas pratique. Mais Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, a été reçu de la même façon.

 

Propos recueillis par Cyril Brioulet pour La Dépèche.
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