ANALYSES

« Rien ne justifie la crise d’autoritarisme du président »

Presse
20 juillet 2017
Interview de Jean-Vincent Brisset - DNA

Quels sentiments vous inspire la crise qu’on vient de traverser ?


Il s’est passé des choses différentes : la réduction budgétaire -une habitude chez les politiques- ; la gestion d’une déclaration avec la faillite de l’éthique d’un député qui sort de la commission les propos du général de Villiers ; un président qui fait des reproches au chef d’état-major des armées (CEMA).

Est-elle inédite ? 


À ce point-là, c’est du jamais vu. En 2015, il y avait eu un bras de fer entre le président Hollande et quatre chefs d’état-major… Là, ça intervient dans un contexte particulier : deux mois après son arrivée au pouvoir, Macron a réussi à virer quatre de ses ministres, à reclasser son directeur de campagne, et à virer le CEMA. Ça se serait passé chez Erdogan, on hurlerait à l’autoritarisme ! Personne ni rien ne peut justifier la crise d’autoritarisme du président : ça ressemble plus à celle d’un enfant gâté qu’à celle d’un chef d’État responsable.

Les militaires, dans leur ensemble, soutenaient-ils de Villiers ?


Le sentiment était d’autant plus partagé qu’il y avait des promesses de campagne extrêmement claires, pro-militaires. Il y a même eu de la communication très poussée : Emmanuel Macron a rendu visite aux blessés à l’hôpital de Percy, puis au Mali. Et lorsqu’il s’agit d’une première opération concrète, on en arrive là ! Ce n’est pas admissible par les militaires : il y a une telle distorsion entre les promesses et les actes. Il a réussi à se mettre à dos en une seule fois tous les militaires. C’est d’autant plus difficile quand on combat au Mali, avec des véhicules hors d’âge ou d’usage. Comment 3 000 hommes peuvent-ils sécuriser 5 millions de km² au Sahel ? Les politiques sont totalement déconnectés de la réalité sur ces questions-là. La France n’a plus les moyens des ambitions clientélistes et communicationnelles de ses présidents.
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