ANALYSES

Nucléaire iranien : « Diplomatiquement, Israël est le grand perdant »

Presse
25 novembre 2013

Dimanche, à Genève, les puissances occidentales et la Chine (G5+1) sont parvenues à un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire controversé. FRANCE 24 a interrogé Karim Pakzad, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l’Iran, pour décrypter cet accord, qualifié "d’historique".


En quoi cet accord est-il positif pour l’Iran, qui semble avoir cédé sur plusieurs points ?



Téhéran peut se targuer d’avoir gagné le droit de continuer son programme nucléaire civil puisqu’il a obtenu le droit à l’enrichissement de l’uranium à hauteur de 5%, ce qui lui était refusé depuis une dizaine d’années et qui était également le point d’achoppement des négociations. En outre, les Iraniens ont obtenu la levée des sanctions économiques si les termes de l’accord final, qui reste à établir, sont respectés. Enfin, à long terme, l’Iran va obtenir son retour sur la scène internationale, puisque, ne l’oublions pas, Téhéran a signé avec les grandes puissances et non avec l’ONU. D’autant plus que les éléments essentiels de l’accord ont été négociés de manière bilatérale avec les États-Unis.


Pour quelles raisons, Washington a-t-il qualifié l’accord de Genève d’"historique" ?



Les États-Unis évoquent un évènement historique car il met fin à dix ans de tensions et de conflits avec l’Iran, puisque les deux pays ont façonné l’accord en négociant en tête à tête, une première depuis l’instauration de la République islamique en 1979. Washington se félicite car l’accord garantit que le programme nucléaire iranien n’est pas et ne sera pas un programme militaire. Ce qui aux yeux de l’administration américaine, peut conduire à une période de normalisation et à une redistribution des cartes dans la région et donner un nouveau visage au Moyen-Orient.


Quid d’Israël, qui a, de son côté, dénoncé l’accord comme étant une "erreur historique" ?

Sur le plan diplomatique, il est indéniable qu’Israël est le grand perdant dans cette affaire. Malgré toute la pression qu’il a exercé sur le camp occidental, au final, il voit son principal allié, les États-Unis, s’accorder avec son pire ennemi, l’Iran. Jusqu’ici, l’État hébreu était la seule puissance qui compte dans la région, surtout depuis la chute de l’Égypte d’Hosni Moubarak en 2011. Le retour de l’Iran comme puissance régionale, après la normalisation éventuelle avec Washington, mettrait Israël en difficulté.

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