ANALYSES

«La France a perdu la moitié de ses parts de marché en quinze ans»

Presse
25 mai 2015
Interview de Philippe Hugon - Le Parisien

Que représente aujourd’hui le marché économique de l’Afrique ?


Un potentiel considérable ! Pour ses ressources minières, gazières et pétrolières, mais également pour sa population, qui doublera d’ici à2050 pour atteindre les 2 milliards d’habitants. Sa classe moyenne, actuellement composée de 300 millions d’individus, va elle aussi exploser.


Qu’est-ce qui freine le développement du continent aujourd’hui ?


En premier lieu, les inégalités dans la redistribution des richesses. Elles ne profitent qu’à une très petite frange de la population, tout en haut de l’échelle du pouvoir. C’est autant de ressources qui ne sont pas réaffectées à des investissements productifs, à des infrastructures routières, ferroviaires, à l’éducation ou à la santé. L’autre frein, c’est évidemment les problèmes d’insécurité, de corruption et d’instabilité politique que connaissent certaines régions. Autant d’éléments qui refroidissent les investisseurs. L’Afrique fait peur, par méconnaissance et par manque de réseaux. Et la perception donnée par les médias – qui décrivent un continent rongé par la pauvreté, la famine, les épidémies et les conflits sans fin — n’arrange pas les choses. Alors que l’Afrique, je le répète, c’est aussi de formidables opportunités.


Comment se situent les investisseurs français par rapport à leurs concurrents étrangers ?


Ils sont malheureusement en train de se faire largement distancer. En premier lieu par les Chinois, mais également par les Indiens, les Brésiliens, les Turcs, les pays du Golfe, ceux du Proche et du Moyen-Orient ou encore la Turquie. En quelques années, l’Afrique s’est ouverte à de très nombreux partenaires. Elle a compris qu’elle pouvait profiter du jeu de la concurrence. Et sur ce terrain nous ne sommes pas assez offensifs. Résultat : la France a perdu la moitié de ses parts de marché en Afrique depuis le début des années 2000.

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