Les causes profondes des mouvements universitaires propalestiniens qui se globalisent ces dernières semaines sont régulièrement désignées comme celles d'un antisémitisme déguisé. Ces mouvements dénoncent essentiellement la violation des droits humains en Palestine par l'État d'Israël, et leurs détracteurs dénoncent une indignation à géométrie variable qu'ils associent d'emblée à de l'antisémitisme. Si certaines confrontations ont eu lieu et que des insultes tant antisémites qu'islamophobes ont pu être proférées sur ces campus et qu'il faut les condamner, il est fallacieux de les essentialiser. Si les revendications font l'impasse sur d'autres violations des droits humains commises dans d'autres pays (Soudan, Iran, etc), c'est également parce qu'elles ne sont pas commises par un État autoritaire sur lequel nous possédons peu de moyens de pression, mais par un État démocratique. Alors, constater l'absence de sanctions occidentales et l'impunité d'Israël quand l'histoire a montré la capacité de nos gouvernements à prendre des sanctions, comme cela a été le cas face à la Russie en 2014 ou à l'Afrique du Sud au moment de l'apartheid ou à l'Iran, mène sans surprise, à des mobilisations contestatrices.
Nombre de mouvements étudiants comparables ont fait l'histoire du XXe siècle (contre la guerre des États-Unis au Vietnam, contre l'apartheid en Afrique du Sud...) et sont regardés, a posteriori, avec admiration. N'oublions pas que la mobilisation étudiante pour la paix n'est pas une première et qu'elle a été une force.