À son retour de Chine, les déclarations d’Emmanuel Macron à des journalistes de Politico, France Inter et Les Echos, ont provoqué une véritable tempête diplomatique et médiatique en France, en Europe et aux États-Unis. Son attachement, pourtant déjà affichée, à l'idée d'une « autonomie stratégique européenne » et d’une position de non-alignement à l'égard de Washington, a été accueillie avec hostilité par certains alliés européens, américains et de nombreux analystes français. Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de montée des tensions autour de Taïwan, beaucoup ont critiqué le mauvais timing de ses déclarations.
Toutefois, n’est-il pas légitime de distinguer l’alliance réelle et effective de l’Europe aux États-Unis, d’une dépendance néfaste empêchant les pays de discuter sur un pied d’égalité ? Dans un contexte de compétition sino-américaine pour la suprématie mondiale, et de renforcement de l’atlantisme du fait de la guerre en Ukraine, n’est-il pas plus nécessaire que jamais d’affirmer la volonté d'autonomie stratégique européenne ? L’intensité des débats autour des déclarations d'Emmanuel Macron témoigne de la réalité de la bataille idéologique qui se joue autour du concept d'autonomie stratégique en Europe.