ANALYSES

Lancement du projet « Les Volants de l’Union » : le badminton comme vecteur d’intégration pour les réfugiés

Interview
20 mars 2017
Le point de vue de Carole Gomez
Alors que la crise de l’accueil des réfugiés touche toujours la France et l’Europe, le 15 mars s’est déroulée la soirée de lancement du projet « Les Volants de l’Union ». À travers la pratique du badminton, cette initiative a pour but de faciliter l’intégration des réfugiés dans la société. Ce projet a été élaboré par l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), en partenariat avec France terre d’asile, la Fédération française de badminton, le ministère en charge des Sports, l’association Solibad, la ligue Île-de-France de badminton et le BDE d’IRIS Sup’.
Entretien avec Carole Gomez, chercheuse à l’IRIS, et Manuel Galea, chercheur associé à l’IRIS.

En quoi consiste le projet Les Volants de l’Union ?

Cette initiative a pour but de mettre des populations gérées par France terre d’asile, à savoir des migrants et des réfugiés, en relation avec des étudiants d’IRIS Sup’. Le projet est également marrainé par Hongyan Pin, ancienne joueuse chinoise naturalisée française, qui est très investie dans la cause des réfugiés.
L’objectif des Volants de l’Union est de donner un côté très pratique à l’idée que le sport soit un vecteur d’intégration. Par la constitution de binômes avec des étudiants d’IRIS Sup’, il s’agit aussi de faire en sorte que les réfugiés ne soient plus considérés uniquement par ce statut mais davantage comme des partenaires sportifs. Les échanges seront évidemment sportifs mais ils pourront aussi amener à des interactions culturelles ou linguistiques.
Le badminton a été choisi pour cette initiative car ce sport présente l’avantage d’être une activité mixte, non-violente et aux règles simples.

Pourquoi l’IRIS s’est-il investi dans ce projet ?

L’IRIS est d’habitude davantage tourné vers une logique « académique ». Ce projet permet ainsi de passer d’un côté théorique à un aspect davantage pratique. L’IRIS abrite en son sein un département « Sport et relations internationales » et un département « Humanitaire et développement ». Compte tenu du formidable vecteur d’intégration que représente le sport, l’idée d’une synergie a émergé il y a quelques années et l’IRIS a considéré qu’il serait intéressant de lancer cette initiative avec des partenaires clefs, afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. Si l’intégration des réfugiés doit évidemment être préparée en amont par la voie politique, l’idée était de contribuer de manière concrète à l’inclusion de populations migrantes au sein de la population française. L’objectif consiste ainsi à faire évoluer les choses et donner des pistes de réflexion qui pourraient être reprises à une plus grande échelle.

Comment s’est déroulée la soirée de lancement et quelles sont les prochaines étapes à venir pour les Volants de l’Union ?

Le lancement officiel des Volants de l’Union a été réalisé le 15 mars 2017 au gymnase Suzanne Berlioux, avec la présence de 70 personnes environ. Au cours de cette séance, une rencontre a eu lieu entre 25 étudiants d’IRIS Sup’ et 25 partenaires réfugiés, ainsi qu’avec les différents protagonistes. Le profil des réfugiés est extrêmement varié, puisque cet évènement a réuni des Irakiens, des Congolais, des Bengali, des Egyptiens, des Soudanais, etc. Les femmes représentent également la moitié des participants.

À travers la pratique du badminton, l’objectif est de créer des interactions entre étudiants et réfugiés afin d’instaurer une dynamique lors des différentes rencontres qui vont être organisées par la suite. Ces rencontres sportives pourront déboucher sur d’autres types d’interactions, comme par exemple donner des cours de langue, faire visiter Paris, etc. On a pu observer que des binômes ont déjà développé des affinités et semblent amenés à se recontacter pour rejouer ensemble. Des créneaux horaires vont être libérés par les clubs de badminton partenaires situés à proximité des lieux d’hébergement de réfugiés.

On estime qu’entre 4 et 6 séances de sport pourront être proposées à chaque binôme jusqu’à la fin du programme, fixée au 20 juin, date de la Journée mondiale des réfugiés. Cette journée sera justement l’occasion de montrer que le sport peut être un facteur d’intégration permettant l’apprentissage de la langue et des us et coutumes. Ce programme peut aussi permettre d’intégrer durablement ces personnes au sein de la société française.

Si ce projet de petite échelle connaît du succès – ce qui semble se profiler au vu du début encourageant de la soirée de lancement -, il pourrait potentiellement être décliné à une plus grande échelle au niveau régional, voire national. Pour le moment, il s’agit de transformer l’essai.

Frise photos pour intw CG et MG

Sur la même thématique