ANALYSES

Halte aux faussaires

Presse
31 août 2011
Pascal Boniface - Sud Ouest
Les Français expriment une défiance sur la mondialisation alors que le pays en a profité. Comment l’expliquez-vous ?

Il est vrai qu’il y a plus de réticences en France vis-à-vis de la mondialisation que dans d’autres pays occidentaux. Pour deux raisons, selon moi. D’abord parce qu’il y a un sentiment d’injustice à voir des pays moins protecteurs de leurs salariés s’imposer à nous sur de nombreux secteurs industriels. L’émergence des nouveaux pays forts est difficilement vécue par toute une génération qui, au fond, ne supporte pas de voir la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud avancer aujourd’hui plus vite que la France. Les retombées positives de la mondialisation sont de surcroît très inégalement réparties, c’est le moins que l’on puisse dire.


Vous êtes le témoin de la Journée de l’économie aquitaine (2) : comment les territoires peuvent-ils s’organiser dans la mondialisation ?

L’attractivité des territoires est un facteur clé de leur développement. Leur richesse ne dépend plus seulement de la richesse minière ou énergétique. Ils retrouvent une plus grande égalité dans la compétition pour peu qu’ils sachent organiser leur recherche, leurs finances, leurs systèmes de formation et leur organisation publique. Les nouvelles technologies de communication ou les innovations technologiques peuvent s’épanouir partout.


Qui sont les intellectuels faussaires que vous dénoncez (3) ?

Ce sont des intellectuels qui profitent de leur exposition médiatique pour proférer des mensonges. Je ne parle pas du débat légitime des idées, mais de propos tronqués ou inexacts qui surfent sur les sentiments populaires immédiats et qui ont cours dans les médias. Je ne crois pas à je ne sais quelle stratégie du complot, mais à une diffusion, via les nombreuses tribunes médiatiques, de propos erronés.


Pourquoi votre critique cible-t-elle les experts de l’islam, de la politique d’Israël ou des musulmans de France ?

Parce que, depuis les attentats du 11 Septembre, de nombreuses erreurs ont été, selon moi, véhiculées sur le risque terroriste, l’islam et le Proche-Orient. Pour simplifier, disons que l’islam et les musulmans sont diabolisés par nos faussaires et que la politique d’Israël est le plus souvent protégée. J’essaye de démontrer dans mon livre comment cela s’est produit. Et les conséquences de cela, la vision qu’ont les Français des musulmans, par exemple.


Pourquoi qualifiez Bernard-Henri Lévy de seigneur des faussaires ?

En raison de sa puissance de feu médiatique et de son entregent chez les patrons de presse, de son soutien inconditionnel à Israël, de la façon dont il s’autosaisit de questions internationales comme la Libye et de la manière dont il est capable de se mettre en avant, comme dans l’affaire Daniel Pearl, ce journaliste américain assassiné au Pakistan.