ANALYSES

Yade aux sports : un tremplin pour les droits de l’homme

Tribune
26 juin 2009
Le poste de secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, rattaché spécifiquement au ministère des Affaires étrangères, n’avait pas de logique. Il ignorait totalement la protection des droits de l’homme en France et établissait une division artificielle entre politique étrangère et politique des droits de l’homme. Il nourrissait le soupçon à l’étranger d’instrumentalisation des droits de l’homme à des fins géopolitiques en en faisant une application sélective, tenant compte non pas de l’ampleur de la violation des droits de l’homme, mais des liens stratégiques établis avec tel ou tel pays ou de l’image dans l’opinion publique de tel ou tel pays.

Le passage d’un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme à celui aux sports confèrera en fait à Rama Yade une marge de manœuvre bien plus importante pour promouvoir un droit de l’homme en particulier : le sport.

Le sport crée du lien social

Le sport est certainement l’activité qui fédère le plus et qui crée le plus de lien social. En effet, y-a-t-il une autre organisation comptant 2,3 millions de membres à jour de leur cotisation comme la fédération française de football, auxquels il faut ajouter l’entourage et les spectateurs ? Le mouvement olympique considère d’ailleurs que « la pratique du sport est un droit de l’homme »(1), autrement dit tous les individus devraient être en mesure se s’épanouir au travers de la pratique du sport. Le sport, outil de socialisation et cadre de prévention, peut pourtant apporter beaucoup à des populations déshéritées, tant dans des zones urbaines que dans des zones de conflit. Cela tient à ses vertus éducatives et à son potentiel de mobilisation.

De plus en plus le sport a vocation à être utilisé dans des périodes post-conflictuelles pour aider aux réconciliations ou à la reconstruction de liens sociaux. La très grande visibilité du sport et son impact médiatique lui donnent une responsabilité de plus en plus grande. Le mouvement sportif international est en première ligne pour impulser cette dynamique et promouvoir le sport comme vecteur de développement et de paix. Il est caricatural de considérer que tous les sportifs de haut niveau sont des personnes égotiques et égoïstes. C’est le cas de certains. Mais d’autres sont au contraire conscients de leur valeur d’exemple et prêts à s’engager pour des causes d’intérêt général. De nombreux responsables s’en rendent compte et mettent le sport au service d’un objectif qui dépasse celui-ci.
La réconciliation par le sport

A titre d’exemple, l’organisation Peace and Sport aide et fédère de nombreux projets concrets d’apaisement de tensions ou de réconciliation grâce au sport. Les organisations internationales également sont amenées à intégrer ce paramètre dans leurs programmes d’action.

La promotion du sport peut être appréhendée autrement que sous le prisme d’une politique publique restreinte au champ national. Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Rama Yade était réticente à prendre en compte la dimension et le rayonnement international du sport, car le sport est dans la perception publique l’un des champs réservés où les diversités et ses talents peuvent s’exercer et qu’elle ne voulait pas être confinée à l’image de la diversité.

Si elle sait fédérer l’énergie et les motivations des sportifs dans le domaine de la promotion des droits humains, sa nomination apparaîtra comme une promotion, non comme une relégation. Jusqu’ici les responsables de l’action extérieure ont été insensibles au levier que le sport peut constituer comme moyen d’action internationale. C’est donc un boulevard qui s’ouvre devant Rama Yade.

(1) Alinéa 4, principes fondamentaux de la Charte Olympique.

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