ANALYSES

Quel avenir pour la diplomatie sportive française ?

Presse
4 mai 2021
Le 13 septembre 2017, le Comité international olympique (CIO) attribuait l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris. Cette attribution, intervenant après une longue série d’échecs pour l’olympisme français (1992, 2004, 2008, 2012 et 2018), venait, bien sûr, consacrer un projet mais également la mise en œuvre d’une diplomatie sportive ambitieuse, organisée et politique, lancée en 2013. De plus, cette désignation a également permis d’envisager et d’engager une politique à l’échelle d’une décennie. L’occasion donc de proposer des projets, lancer des initiatives et d’ancrer des pratiques que l’on souhaite durables.

L’intérêt du ministère français chargé de l’Europe et des Affaires étrangères pour le sport est centenaire. Dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1920, le sport est en effet perçu comme un outil pour restaurer l’image de la France. Un siècle plus tard, il s’agira surtout de contribuer au rayonnement à l’international. À travers la nomination d’un ambassadeur dédié et la mobilisation des réseaux diplomatiques et économiques soutenant les intérêts nationaux, la France a su déployer son « sport power », soit une forme de puissance douce autour du sport. Si le regard se concentre sur les Jeux olympiques et paralympiques, il ne faudrait pas oublier l’exceptionnelle réussite des candidatures française à l’accueil d’autres grands événements sportifs : Euro féminin de handball et Ryder Cup (2018), Coupe du monde féminine de football (2019), Gymnasiades (2022) ou encore Coupe du monde masculine de rugby (2023).

Aussi riche cette période soit-elle, il semble pourtant urgent de pousser plus loin la réflexion, afin de dépasser cet objectif de 2024 et de penser la diplomatie sportive française de la prochaine décennie, et ce, pour au moins trois raisons.

Incarner un renouveau

D’une part, et afin de capitaliser sur les initiatives lancées depuis maintenant 10 ans, il apparaît important de rester extrêmement ambitieux, au risque sinon de rendre les efforts déployés vains. La réflexion actuelle autour d’une nouvelle coordination du sport français à l’international doit être soutenue et encouragée.

D’autre part, le monde du sport connaît depuis quelques années de profondes mutations et des divisions qui le sont d’autant plus. En tenir compte dans le cadre de sa diplomatie sportive pourrait être une approche pertinente afin d’incarner un renouveau et de marquer sa différence. À titre d’exemple, la question de la réforme de la gouvernance du sport peut être saisie à bras-le-corps par Paris, permettant de susciter un débat pour in fine impulser un changement.

Enfin, les dernières années ont vu se développer ou se densifier de nombreuses stratégies nationales de « sport power » : Qatar, Russie, Chine, Arabie Saoudite en sont les exemples les plus connus. Jadis relativement rares, les diplomaties sportives se font désormais de plus en plus offensives et concurrentielles. Certaines d’ailleurs s’opposent déjà, faisant de ce sujet un véritable enjeu géopolitique. Face à cette concurrence, la France ne peut se reposer sur ses lauriers.

Un axe stratégique de l’Union européenne

Aussi, il pourrait être intéressant d’élargir les perspectives. Et si une partie de la réponse se trouvait à l’échelon européen ? Sujet d’intérêt par l’Union européenne depuis 2015, la diplomatie sportive européenne apparaît, depuis 2017, comme un axe stratégique de l’Union. Au regard de ses connaissances et compétences, la France peut avoir un rôle moteur à y jouer. La présidence française de l’Union européenne, au premier semestre 2022, ne serait-il l’occasion de placer, enfin, le sport comme réelle priorité ?

En définitive, il nous faut désormais considérer 2024 non pas un aboutissement, mais au contraire un point d’étape. L’avenir s’écrit maintenant.
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