ANALYSES

Attentat au Burkina Faso. « L’un des objectifs des terroristes, c’est la France »

Presse
14 août 2017
Interview de Philippe Hugon - Ouest France
Pourquoi le Burkina Faso est-il touché ?

Cette attaque, menée sur une des artères centrales de Ouagadougou, fait énormément penser à l’attentat qui a eu lieu en janvier 2016 contre le café Cappuccino et l’Hôtel Splendid. Le mode opératoire est proche. C’est un attentat particulièrement odieux puisqu’il y avait une fête et que des enfants ont été tués…

Le Burkina Faso, qui a longtemps été un pays relativement stable, n’est plus épargné par les attentats. Il y a eu des attentats au nord du pays en décembre dernier. Cela a pu être facilité par le fait que les services de renseignement ont été en partie démantelés du fait du départ de Compaoré à l’automne 2014.

Ajoutons que Ouagadougou est au cœur du dispositif Barkhane, de l’opération française pour lutter contre les mouvements terroristes.

Qui est visé ? Les touristes, comme en Tunisie ?

Il y a peu de touristes au Burkina Faso. L’un des objectifs des terroristes, c’est de lutter à la fois contre la présence occidentale, mais aussi de faire en sorte que la France, qui est présente par le nombre de ressortissants, des accords de coopération et des dispositifs militaires, se sente visée. Ils veulent que les investisseurs, même s’il y a des opportunités, ne viennent pas.

Est-ce que c’est une stratégie qui fonctionne ?

Les grands groupes ne sont pas touchés. Si vous faites partie de Bolloré, Vinci, Total, Orange, il n’y a pas de problème, il y a des opportunités d’investissement, et elles seront exploitées. Il faut bien sûr compatir avec les victimes, c’est atroce, mais en termes de probabilité, les attentats terroristes jouent sur la terreur et la peur, pas sur le nombre de victimes réelles.

Mais les réseaux de PME, qui connaissent moins l’Afrique et qui ne perçoivent l’Afrique que par ses maux (la faim, la sécheresse, et maintenant le terrorisme), sont enclins à dire : « Il y a eu un attentat à Ouagadougou, donc le Burkina Faso n’est pas sûr, on ne va pas prendre le risque d’envoyer des cadres et d’investir. » Ça joue négativement, et c’est le but recherché par les réseaux djihadistes.
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