ANALYSES

La Présidentielle française vue de l’étranger : sauver l’Europe

Presse
24 avril 2017
Vu de l’étranger, le second tour de la Présidentielle française est largement appréhendé au prisme de la construction européenne et de la mondialisation.

L’élection présidentielle française est scrutée à l’étranger, d’une part parce qu’elle incarne le troisième grand test pour le populisme d’extrême droite après le référendum sur le Brexit et l’élection de Trump, d’autre part – et c’est bien sûr lié – parce que notre pays continue d’incarner les valeurs républicaines et démocratiques, enfin parce que la France constitue un pilier d’une Union européenne libérale honnie par Le Pen et défendue par Macron. L’enjeu européen, peu débattu pendant la campagne française et peu évoqué au cours de la soirée électorale du 23 avril, est en effet fondamental pour les médias américains, britanniques et allemands, pour ne citer qu’eux.

Du côté des dirigeants politiques, de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, de droite comme de gauche, ainsi que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la haute représentante de l’UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini, ou encore l’ancien président du Parlement européen, Martin Schulz, se sont réjouis publiquement du score d’Emmanuel Macron, mus par le soulagement de l’éloignement d’un Frexit ou d’une sortie de l’Euro, et par le souci d’une stabilité financière et économique européenne. Moins par les valeurs communes qui sont au fondement de la construction européenne depuis l’après-guerre.

Mais Marine Le Pen a aussi ses soutiens, prévisibles comme Heinz-Christian Strache, chef de l’extrême droite autrichienne, et Geert Wilders, député d’extrême droite néerlandaise, qui lui ont adressé leurs félicitations pour son score dont on oublie en France qu’il est historiquement haut en termes de voix (7,7 millions). Sans apporter son soutien public à Le Pen, Nigel Farage a publié plusieurs tweets très critiques contre Macron et, notamment, contre son engagement européen.

La Présidente du FN a aussi reçu sur Twitter les encouragements de l’extrémiste américaine Sarah Palin, qui a relayé les informations partielles selon lesquelles Le Pen était en tête du premier tour – sans les corriger par la suite. Trump, qui avait tweeté la veille du scrutin son intérêt pour l’élection française, ne s’est pas exprimé sur le résultat, à l’heure où nous publions ces lignes.

Si l’enjeu de la colère anti-establishment n’est pas éludé par la presse étrangère, Macron est le plus souvent présenté comme un défenseur de la mondialisation (économique et culturelle) et de l’Europe, et Le Pen, comme étant crispée sur la fermeture des frontières (économiques et migratoires) et comme eurosceptique. Le Washington Post parle d’une « élection présidentielle pouvant décider de l’avenir de l’UE et de la place de la France dans le monde ». Le New York Times ne dit pas autre chose et ajoute que Le Pen représente les défenseurs d’une « France d’abord » et anti-musulmane, ce qui est une manière de la présenter comme l’équivalente française de Trump. Le New York Times insiste sur le clivage, chez les électeurs français, entre les pro- et les anti-mondialisation et les pro-UE et anti-UE – ce qui est une grille de lecture partielle mais réelle.

Les élections en Autriche (présidentielle de 2016) et aux Pays-Bas (législatives de mars 2017) avaient vu la défaite de l’extrême droite. L’échec (probable mais pas certain) de Marine le Pen, le 7 mai prochain, aurait une portée symbolique encore plus forte quant à l’image et la place de la France dans le monde, enjeu que les médias comme les responsables politiques français, sans parler des électeurs, sous-estiment largement.
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