ANALYSES

Faire face au déferlement chinois sur nos entreprises

Presse
23 janvier 2017
L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a donné lieu à de nombreuses spéculations sur ce que le futur hôte de la Maison-Blanche entendait faire vis-à-vis de la Chine. Imposera-t-il des sanctions commerciales sur les importations chinoises si Pékin « n’obtempère » pas ? Trouvera-t-il un compromis avec le président chinois Xi Jinping quant à la circulation maritime en mer de Chine du Sud, lieu de toutes les spéculations régionales ? Va-t-il réduire la présence militaire américaine en Asie, comme il l’a laissé entendre ? Les questions sont nombreuses, les réponses incertaines.

Mais il est une réalité que Donald Trump ne peut nier, c’est la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale. Depuis quelques années, l’importance géo-économique de la Chine est devenue évidente et visible. En tant que deuxième économie mondiale et tête de pont de la croissance mondiale, la Chine vient de fêter le 15e anniversaire de son appartenance à l’OMC. Le PIB du pays est passé de 1.000 milliards de dollars à plus de 11.000 milliards de dollars entre 2001 et 2016. La Chine est maintenant le principal partenaire commercial des Etats-Unis et de l’Europe. Elle est aussi un investisseur international de premier plan.

Des deux côtés de l’Atlantique, on s’interroge sur les intentions économiques de la Chine. Européens et Américains se demandent comment gérer une telle situation. Ainsi, en décembre, le très officiel Comité pour les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) a-t-il bloqué – pour des raisons liées à la sécurité nationale – le rachat du fabricant allemand de semi-conducteurs Aixtron par le groupe chinois Fujian Grand Chip Investment Fund. Le gouvernement allemand en avait fait de même auparavant, à la suite d’une série d’acquisitions de technologies sensibles par des sociétés chinoises, stigmatisée par le rachat du fabricant de robotique Kuka par le chinois Midea pour un montant de 4,5 milliards d’euros.

Les Etats-Unis et l’Europe reçoivent tous deux des investissements chinois importants (81 milliards et 90 milliards de dollars respectivement, selon Dealogic). En Europe, les plus grosses opérations comprennent le rachat, par la société d’Etat ChemChina, du fabricant de produits agricoles suisse Syngenta et du constructeur de pneumatiques Pirelli. Mais alors que Pékin – à travers sa stratégie « made in China 2025 » – encourage ses sociétés d’Etat et privées à acquérir des marques internationales, notamment dans la haute technologie, les investissements étrangers en Chine sont en baisse. De nombreux secteurs ne sont pas ouverts aux étrangers.

Cette absence de réciprocité est préoccupante, à tel point que l’administration Obama envisageait de limiter certaines acquisitions par des entreprises venues d’Etats n’ayant pas d’accord d’investissement bilatéral avec les Etats-Unis. En Allemagne, le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, a lancé une consultation afin que des propositions soient faites au niveau européen. Reste à savoir comment les 28 (ou les 27) membres de l’UE peuvent tomber d’accord sur un tel mécanisme. Peut-on envisager un « CFIUS européen » ? Ou faudrait-il se contenter d’organismes nationaux – à l’image de la Commission interministérielle des exportations des matériels de guerre (CIEMG) existant en France pour les exportations d’armements ?

Une chose est sûre : davantage de coordination entre acteurs européens – et sans doute des deux côtés de l’Atlantique, où l’on fait souvent les mêmes constats face à la montée en puissance économique chinoise – paraît nécessaire. En la matière, une consultation dans le secteur des investissements constituerait un bon début.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0211676701933-faire-face-au-deferlement-chinois-sur-nos-entreprises-2059149.php#xHHjUAYKPs7PMEIm.99
Sur la même thématique
Quel avenir pour Taiwan ?