ANALYSES

Le FN et ses casseroles : « Ca n’imprime pas dans l’opinion publique »

Presse
13 décembre 2016
Interview de Jean-Yves Camus - Le Parisien
Chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Jean-Yves Camus analyse l’impact — qu’il juge faible — de ces affaires sur l’électorat du parti frontiste.

La multiplication des affaires visant le FN nuit-elle à un parti qui se prétend pourtant plus propre que les autres ?

Pour l’instant pas du tout. Même si la première enquête est ancienne puisqu’elle remonte à 2013, le parti ne semble pas en souffrir. Les résultats des dernières élections l’ont prouvé. Ces affaires n’impriment pas dans l’opinion publique, et donc dans le corps électoral.

Pourquoi ça ne prend pas ?

D’abord parce qu’il n’y a pas encore eu de procès et donc que la présomption d’innocence continue à prévaloir. Ensuite parce que les électeurs du Front national, selon la manière dont ils s’informent, n’en ont pas forcément connaissance. Enfin parce que cette affaire de financement de campagnes électorales relève d’un montage astucieux, complexe à décrire pour des lecteurs qui ne distinguent pas nécessairement où se trouve le problème.

Les accusations portent pourtant sur des soupçons d’escroqueries au détriment de l’Etat, et donc du contribuable…

C’est exact mais ce n’est pas perçu comme tel. Les enjeux de cette affaire sont difficiles à saisir pour un profane.

Comment le FN se place-t-il face à ses accusations ?

La rhétorique est claire : il se présente comme une victime du système. C’est un message que le parti peut encore tenir car il n’a jamais eu le pouvoir. Pour ses adhérents et ses électeurs, il est donc présumé extérieur aux turpitudes du système. Ces derniers n’auraient sans doute pas la même mansuétude si les soupçons portaient sur un autre parti. Le FN profite de cette position victimaire même s’il se passerait évidemment bien de ces enquêtes.

Ces affaires remettent également en lumière la proximité de Marine Le Pen avec les anciens activistes du GUD. Cela nuit-il à sa stratégie de dédiabolisation ?

Non, parce qu’il n’y a vraiment rien de nouveau. Ses relations avec Frédéric Chatillon et Axel Loustau sont anciennes et largement connues. Elle peut au contraire se prévaloir d’être fidèle en amitié. Les articles sur les pedigrees de ces deux hommes passent largement au-dessus de la tête des électeurs qui ne se soucient guère de l’histoire de ces groupuscules. D’ailleurs Axel Loustau, dont le parcours est connu, a été élu démocratiquement.
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