ANALYSES

« Le président Maduro est toujours en situation de freiner le processus de référendum »

Presse
2 septembre 2016
Le succès de la manifestation de jeudi 1er septembre relance-t-il les chances de l’opposition vénézuélienne face au président Maduro ?

Cette manifestation confirme que les électeurs qui ont amené l’opposition au pouvoir lors des élections législatives de décembre 2015 sont toujours mobilisés.
Cette force, constatée dans les urnes, s’est manifestée dans les rues de Caracas. Mais cela ne change pour l’instant rien aux données du problème : l’opposition doit rassembler 20 % de l’électorat pour tenir un référendum de révocation, et veut le réaliser avant le 10 janvier, qui est la date de mi-mandat. S’il est organisé après, la destitution possible du président Nicolas Maduro ne ferait qu’amener son vice-président à le remplacer.
Cette manifestation maintient la mobilisation et enlève des arguments à une partie des opposants qui défendent un recours à la violence. Mais il ne faut pas oublier que le gouvernement a lui aussi réuni de nombreux soutiens lors de plusieurs manifestations qui se sont déroulées plus tôt dans la semaine.

La situation risque-t-elle de se durcir entre le gouvernement et l’opposition ?

Comme Hugo Chavez en son temps, le président Nicolas Maduro est pris à son propre discours et est tenu d’organiser un référendum comme le prévoit la Constitution promue par Hugo Chavez.
Le gouvernement essaie cependant de jouer la montre : il retarde la date en mettant en avant les difficultés techniques qu’engendre la vérification des votes. Il est toujours en situation de freiner le processus, la question est jusqu’à quand ?
L’expérience des manifestations de 2014, où des violences avaient fait 40 morts dans les deux camps, a douché les appels à la violence d’une partie de l’opposition. Henrique Capriles, l’ancien candidat à la présidence contre Nicolas Maduro, est aujourd’hui leur leader.
Or, il préfère s’appuyer sur le succès électoral de la coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD) aux élections de décembre 2015, ainsi que sur la mobilisation pacifique dans la rue. De nouvelles manifestations sont d’ailleurs déjà prévues et devraient mobiliser autant.

Quel rôle peut jouer la communauté internationale dans cette crise ?

Plus personne ne parle d’une démarche de ce type. Pour que la communauté internationale intervienne, encore faudrait-il que les différents acteurs le souhaitent. On est actuellement dans une phase intermédiaire, un face-à-face entre le gouvernement et l’opposition. La nécessité d’un recours à un médiateur pourrait refaire surface si le blocage persiste dans les semaines à venir.
Une médiation internationale, menée par le Vatican et l’Union des nations sud-américaines (Unasur), avait déjà été acceptée auparavant, avec notamment la présence de l’ancien chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et l’ex-président dominicain Leonel Fernandez.
Mais le rapport de force en Amérique latine n’est aujourd’hui plus en faveur de Nicolas Maduro, avec l’alternance électorale en Argentine et la destitution de Dilma Rousseff au Brésil. Le Venezuela n’a plus comme alliés régionaux que Cuba, qui se consacre à ses réformes économiques, l’Équateur et la Bolivie, dont le poids diplomatique est limité.

Recueilli par Olivier Bories
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