ANALYSES

TAFTA : « Le traité a du plomb dans l’aile »

Presse
3 mai 2016
Interview de - Centre presse
Le TTIP est-il l’épouvantail que l’on décrit souvent ?
Déjà, on donne à ce traité un mauvais nom car il ne s’agit pas vraiment de libre-échange mais d’un traité qui est destiné à créer un marché commun transatlantique. Il y a une partie infime du traité qui concerne la baisse des barrières douanières, mais il y est beaucoup plus question d’harmonisation des normes, d’accès aux marchés… Ce n’est pas un épouvantail, c’est quelque chose de plus large que ce que beaucoup de gens en conçoivent généralement. »

Que révèlent les « TTIP leaks » de l’avancée des discussions ?
Ces documents montrent que le problème, ce n’est pas le libre-échange, ce n’est même pas l’harmonisation des normes, les OGM ou encore les questions de poulet au chlore ou de boeuf aux hormones venant des États-Unis. La véritable question est de savoir si on peut harmoniser deux systèmes qui, tout en étant voisins, sont néanmoins très différents. »

Deux systèmes irréconciliables ?
On ne sait pas s’ils sont irréconciliables. Si le traité est signé, cela veut dire qu’ils sont conciliables mais le problème de la compatibilité est à mon avis une question qui se pose. S’il y a suffisamment d’incompatibilités entre les systèmes et si le but du traité n’est pas de baisser les barrières douanières mais de créer un grand marché commun, alors on peut considérer que le traité a du plomb dans l’aile.

Est-il normal que les négociations se déroulent dans le plus grand secret ?
Les opposants ont tendance à dire qu’il est inacceptable que ces négociations soient tenues en secret. Or, c’est indispensable. Parce que les négociateurs sont des professionnels de part et d’autre et qu’ils ont comme mandat d’essayer d’arriver à un accord. C’est assez difficile à faire en privé, alors le faire de manière publique, c’est quasi-impossible.

Un accord sera-t-il trouvé avant la fin de l’année, comme le souhaite l’administration Obama ?
On ne pourra pas ratifier le traité avant l’arrivée du nouveau président américain en janvier, c’est clair. Mais au moins, on pourrait essayer de terminer les négociations. C’est ce que préconise Obama, ça me paraît extrêmement optimiste.

 

Propos recueillis par Julien Proult pour Centre Presse
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