ANALYSES

Iran : « Une élection charnière »

Presse
26 février 2016
A quoi votent les Iraniens ce vendredi ?
On vote pour élire les membres du Parlement et ceux de l’Assemblée des experts. Selon la Constitution, cette assemblée a pour mission de contrôler et surtout de désigner le Guide suprême – l’ayatollah Ali Khamenei, qu’on dit affaibli – si ce dernier disparaît.

Dans quel contexte interviennent les législatives ?
Il y a eu un premier scrutin d’importance qui a conduit à l’élection en 2013 du président modéré Hassan Rohani, qui prône une politique d’ouverture à l’extérieur et à l’intérieur du pays. Les législatives sont le deuxième grand scrutin devant lui permettre, ou pas, de poursuivre cette stratégie.

Une stratégie illustrée notamment par l’accord sur le nucléaire de juillet dernier…
Oui, cet accord fait de ce scrutin législatif une élection charnière. Les prochaines élections présidentielles sont prévues en 2017, donc si Rohani perd ces élections, cela compliquera considérablement la fin de son mandat. En cas de victoire, la lutte politique ne sera pas terminée pour autant car les forces des ultraconservateurs sont très présentes et puissantes. Ces élections sont présentées en Iran comme la deuxième marche, après l’élection présidentielle. Ça le renforcera politiquement. Ou pas.

Qui est Hassan Rohani ?
C’est ce qu’on appelle un conservateur modéré, qui n’a jamais intégré le mouvement réformateur en Iran. C’est quelqu’un qui vient de l’intérieur du système, qui a occupé des fonctions proches des appareils sécuritaires. Il a notamment été très actif pendant la guerre en Irak. On le qualifie en Iran de technocrate. Il s’est un peu révélé sur le plan politique avec son élection en 2013 en se disant pour la modération, contre l’extrémisme.

Quelle est aujourd’hui l’atmosphère dans la rue iranienne ?
Les Iraniens sont très contents de l’accord sur le nucléaire, il y a un soulagement général en Iran. Mais ils sont aussi conscients de la situation politique et savent que Rohani a des opposants très puissants contre lui. Les gens ont mis beaucoup d’espoir en Rohani, mais il y a eu dernièrement un débat sur la participation à l’élection car une grande partie des candidats réformateurs ont vu leurs candidatures invalidées. Il semble que le mouvement général soit toutefois en faveur d’une participation à l’élection : chez les réformateurs, il y a une volonté de soutenir Rohani dans son action.
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