ANALYSES

Bilan mitigé pour le Bourget 2015

Presse
19 juin 2015
Le Salon de l’aviation du Bourget a lieu en ce moment même, on annonce d’ores et déjà des commandes à la baisse. Qu’attendre de cette édition du Bourget ?
Les médias ont pris l’habitude de présenter le salon du Bourget comme un match entre Boeing et Airbus, à coup d’annonces de nombre de commandes, ou de valeur des commandes selon ce qui était le plus favorable. Il est probable que, cette année, ces chiffres soient plutôt à la baisse. Mais les commandes qui seront passées sont peut-être plus solides que celles qui avaient marqué de précédents salons. Très spectaculaires, mais venant de compagnies qui n’ont eu qu’une existence éphémère. Le tassement de la demande est sans doute provisoire.
Mais le Bourget, ce ne sont pas seulement des commandes d’avions de transport civils. C’est aussi, et surtout, le sommet mondial de l’aéronautique, qui continue de se porter plutôt bien, qui progresse et qui innove.

De manière générale, l’engouement pour ce salon semble s’être un peu atténué. Quelles raisons peuvent l’expliquer ?
La première fois que j’ai assisté à un Salon du Bourget, c’était en 1959. J’avais 10 ans. C’était l’époque des patrouilles acrobatiques militaires, des démonstrations en vol d’avions de chasse bruyantes et spectaculaires, des prototypes extraordinaires. Tout cela dans une ambiance de Foire du Trône, avec des foules énormes. Petit à petit, le Salon s’est professionnalisé. Le public « ordinaire » n’est plus admis tous les jours, les patrouilles acrobatiques ont disparu, les prototypes sont remplacés par des avions de présérie. Les démonstrations, très bordées par des consignes de sécurité, sont beaucoup plus techniques et moins spectaculaires.
Toutefois, si les foules venues « au spectacle » ont disparu, il reste un public très fidèle. D’abord, celui des passionnés d’aviation, souvent prêts à tout pour s’approcher des machines et les voir voler. Et, surtout, celui des professionnels. Pour eux, au-delà des annonces qui sont surtout médiatiques, le Salon est une merveilleuse occasion de rencontrer la quasi-totalité des entreprises de l’aéronautique. Les très grandes, bien sûr, mais surtout les plus petites, celles qui ne peuvent pas s’offrir des structures de représentation permanentes dans le monde entier. A ce titre, le Bourget est irremplaçable et devrait le demeurer encore longtemps.

Aucune réelle nouveauté n’est donc à attendre, on reste dans la continuité des éditions précédentes. Les annonces de vente du rafale ne sont pas venus dynamiser le salon ?
Il n’y a effectivement aucune grande nouveauté spectaculaire qui serait présentée en vol et pourrait, à elle seule, créer le spectacle comme le firent le Concorde et le Tupolev. Cela ne veut pas dire, loin de là, que la construction aéronautique et spatiale stagne. Simplement, on est entré dans une ère plus mature. Après les grandes ruptures technologiques, on est passé aux progrès continus. Ils sont moins visibles, mais tout aussi importants. Aujourd’hui, les cellules deviennent plus légères grâce aux composites, les réacteurs sont plus performants, le remplacement des servitudes hydrauliques par des moteurs électriques fait gagner du poids, l’informatique embarquée permet de gérer de manière plus fine et plus efficace. Les aéronefs militaires changent aussi. Si les avions de combat de 5° génération sont absents du Salon, on sait qu’ils bénéficient eux aussi, outre d’une certaine invisibilité, d’une nouvelle manière de fusionner et gérer les données nécessaires à la mission. Tout cela ne se voit pas à l’extérieur mais est très réel. Quant aux ventes de Rafale, les autorités françaises ont préféré les rendre publiques immédiatement, avant même la signature ferme des contrats. L’effet est donc retombé aujourd’hui.
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