ANALYSES

Les récents succès du Rafale ne vont pas forcément générer de nouvelles commandes

Presse
1 mai 2015
Après des années sans vendre de Rafale, deux contrats ont été passés. Comment expliquer ce nouvel engouement ?
II est difficile d’en tirer une véritable analyse. C’est un marché restreint, avec juste une dizaine de prospects, mais beaucoup de concurrence, notamment de la part des Américains, des Russes et des Suédois. Statistiquement, il est normal que peu de commandes aboutissent. La France est restée des années sans conclure de vente et, d’un coup, arrivent deux demandes pas du tout liées. Il n’y a pas d’explication, c’est simplement une belle coïncidence! Les Egyptiens se sont fâchés avec les Américains, qui avaient soutenu les Frères musulmans, et se sont donc tournés vers la France pour 24 avions, ce qui a abouti à une signature en trois mois. Nous étions les premiers surpris ! Pour l’Inde, c’est différent, nous étions en négociation depuis janvier 2012 sur plus de 100 appareils. Les 36 Rafale vendus ne sont peut-être qu’un commencement.

Ces succès vont-ils redorer l’image du Rafale ?
Pas forcément, car c’est un marché complexe. Mais des commandes sont dans les tuyaux. Avec les Emirats arabes unis, on parle de 60 avions. Il est aussi possible que le Qatar et la Malaisie en achètent une dizaine chacun. Le Brésil, lui, n’est plus dans les tuyaux.

Quel impact auront les commandes de l’Inde et de l’Egypte sur notre économie ?
C’est évidemment une excellente nouvelle pour Dassault et ses sous-traitants. Sagem apporte des équipements aux Rafale, Safran produit leurs moteurs. Thales devrait aussi profiter de l’aubaine. Ces exportations sont essentielles au budget de la Défense. Si aucun avion n’avait été vendu à l’étranger, l’armée française aurait dû en acheter, car le gouvernement s’est engagé à maintenir un rythme de production dans les usines Dassault. Cela aurait coûté 700 millions d’euros par an au contribuable jusqu’en 2019 (un Rafale se négocie entre80 et 90 millions) et aurait accru d’autant les déficits. Nous pouvons remercier les Indiens ! L’industrie de l’armement va dépasser les 10 milliards d’exportations. Du jamais-vu!

Cela va-t-il déboucher sur des créations d’emplois ?
Tout dépendra des délais de livraison. S’ils sont courts, des postes seront créés, notamment à Mérignac, où se trouve la chaîne d’assemblage de Dassault. Actuellement, on produit 11 Rafale par an. Les Egyptiens voudront leurs avions rapidement, il faudra sans doute embaucher pour augmenter la cadence. Dans tous les cas, ces commandes vont pérenniser de nombreux postes. C’est une formidable bouffée d’oxygène.
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