ANALYSES

Sommet des Amériques: «En isolant Cuba, les États-Unis s’isolaient eux-mêmes»

Presse
10 avril 2015

Le septième sommet des Amériques s’est ouvert vendredi au Panama. Le clou de cette rencontre continentale est sans nul doute la rencontre entre Raul Castro et Barack Obama, vouée à sceller le rapprochement entre Cuba et les États-Unis, après 53 ans de froid. 20 Minutes a sollicité l’éclairage de Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Iris), sur les enjeux de cet événement.


La participation de Raul Castro au sommet des Amériques marque-t-elle le grand retour de Cuba sur la scène diplomatique?


Le sommet des Amériques, comme bien d’autres sommets, est un événement qui permet surtout de mettre du liant dans les relations entre chefs d’Etat du continent. La participation de Cuba à un sommet où sont présents les États-Unis est un signal important. Toutefois, il faut souligner que le pays est déjà pleinement intégré au continent américain. Il entretient des relations avec tous les autres États. Le gouvernement panaméen a officiellement invité Raul Castro au sommet en novembre 2014, avant l’annonce du rapprochement entre Washington et La Havane. Lors du précédent sommet des Amériques organisé en décembre 2012 en Colombie, les pays avaient demandé la participation de Cuba au prochain sommet. Ces événements ont pu peser sur la décision du président américain qui a compris qu’en isolant Cuba, il isolait surtout son pays.
C’est la première fois que Raul Castro et Barack Obama se retrouvent à un sommet international…


Ce septième sommet prend effectivement une couleur symbolique forte, car il sera l’occasion pour les photographes d’immortaliser une poignée de main entre Raul Castro et Barack Obama, la deuxième après celle échangée lors des funérailles de Nelson Mandela, le 10 décembre 2013. Cette photo historique va en quelque sorte sceller l’annonce du rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis, le 17 décembre dernier. Mais cette image ne sera que la partie émergée de l’iceberg, car de nombreuses réunions sont organisées depuis fin décembre 2014 pour concrétiser cette intention.


Comment les deux pays vont-ils concrètement œuvrer à renouer leurs échanges?


C’est un long processus qui s’est amorcé et qui passera nécessairement par la réouverture d’ambassades dans les deux pays. Cette étape n’est pas si simple car elle implique de rétablir des échanges bancaires, ce qui est actuellement interdit par l’embargo des États-Unis contre Cuba. L’ouverture d’une ambassade ne peut donc a priori se faire sans l’aval du Congrès américain – majoritairement républicain et opposé à Barack Obama – sur la levée de l’embargo.

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