ANALYSES

« La seule voie, c’est la négociation »

Presse
24 janvier 2012
Thierry Coville - L’Est républicain
Les pays européens ont décidé de durcir les sanctions contre l’Iran. Qu’en pensez-vous ?

C’est une mesure qui porte davantage sur la communication que sur autre chose. Cette politique de sanctions, pour l’instant, a échoué car elle n’a pas fait changer d’avis le gouvernement iranien sur le nucléaire.


L’Iran a augmenté son niveau d’enrichissement de l’uranium. La seule voie pour avancer sur le dossier, c’est la négociation.


Que faut-il attendre des sanctions financières ?

Cela pèse sur l’économie iranienne. Mais les réseaux proches du régime comme les pasdarans profitent bien de la situation. Ces sanctions contribuent plutôt à affaiblir la classe moyenne et à renforcer les réseaux proches du régime.


L’embargo pétrolier sera-t-il efficace ?

Non parce qu’il y aura toujours des clients pour le pétrole iranien, la Chine par exemple. Le discours qui consiste à dire que l’on durcit les sanctions pour éviter la guerre est complètement faux.


Pourquoi ?

La première des choses qu’ont demandée les Iraniens lors de la dernière réunion d’Istanbul c’est d’enlever les sanctions avant de commencer à négocier.


Le fait que l’Union Européenne prenne cette décision, est-ce que cela change quelque chose ?

Je trouve que ce n’est pas très glorieux car on suit la décision américaine d’interdire toute transaction avec la banque centrale iranienne qui gère l’argent du pétrole. Il y a là des considérations électoralistes. L’UE jouait jusqu’à présent le rôle de trait d’union entre l’Iran et les Occidentaux. Derrière le dossier nucléaire iranien il y a la question des relations entre l’Iran, les États-Unis et Israël. Qu’est-ce qu’on vient faire dans cette galère ?


Risque-t-on une flambée du pétrole ?

Cette mesure de l’Europe est vécue comme un casus belli par l’Iran. D’où la réaction sur le détroit d’Ormuz. Et dès qu’on parle du détroit d’Ormuz, le prix du pétrole augmente. Les Iraniens n’ont pas besoin de bloquer, il leur suffit de faire des déclarations…


Mais il y a aussi l’augmentation de la demande mondiale, l’accroissement des tensions internationales… Tout cela nous oriente vers une hausse du prix du pétrole.


Était-ce bien le moment de braquer l’Iran ? Y a-t-il un risque de conflit armé ?

Non. On a l’impression qu’il y a un jeu de rôles dans cette affaire. Les Israéliens disent « retenez-moi sinon je fais un malheur »". Or l’ancien chef du Mossad lui-même a dit que l’Iran n’était pas une menace existentielle pour Israël. 

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