ANALYSES

« Mohamed Morsi va devoir faire des compromis »

Presse
24 juin 2012
Pascal Boniface - Métro
Que signifie le choix d’un Frère musulman à la tête du pays ?

Mohamed Morsi incarne le changement aux yeux de nombreux Egyptiens. Contrairement à son rival, l’ex-Premier ministre de Moubarak, il incarne l’alternance politique et le rejet de l’ancien régime, quinze mois après la révolution arabe qui a renversé le pouvoir. C’est aussi la victoire de la démocratie, dans la mesure où l’on pouvait craindre que l’armée n’impose son rival. Celle-ci a reconnu sa victoire, c’est un signe très encourageant.


Quelles attentes reposent sur les épaules de ce nouveau président ?

Le pays est paralysé depuis plus d’un an par une crise économique grave. Il devra d’abord rétablir l’ordre et la sécurité dans un pays en roue libre depuis quinze mois. Ensuite, il lui faudra redonner confiance aux investisseurs étrangers pour doper l’économie égyptienne. Et surtout, redonner au pays une image attractive, gravement ternie par la contestation populaire, pour relancer le tourisme et donc l’emploi.


Doit-on craindre un pouvoir islamiste ?

L’Egypte doit rester un pays ouvert sur le monde si elle veut se maintenir à flot d’un point de vue économique. Elle doit aussi continuer de peser sur la scène internationale en gardant la confiance de ses partenaires étrangers. L’islamisme de Morsi va être vite confronté à cette réalité politique et économique. Si l’on peut s’attendre à ce qu’il fasse passer des lois assez dures, il va vite devoir faire des compromis. Je doute par exemple qu’interdire totalement la consommation d’alcool, qui était un des projets des Frères musulmans, puisse tenir. Il sera contraint à la modération, et ne pourra pas faire régner la terreur.

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