ANALYSES

« Les Etats-Unis et l’Egypte sont très proches »

Presse
14 septembre 2012
Didier Billion - La Dépêche du Midi
Comment vont réagir les États-Unis face à cette flambée antiaméricaine?

En réalité, ils ont peu de capacité de réaction. Ils ont déployé quelques navires de Guerre : de la pure gesticulation politique. Les commandos et forces spéciales sont déjà sur place. Ils peuvent faire quelques dégâts au sein de certaines milices mais l’essentiel n’est pas là. En Libye, la situation est très complexe car l’État ne contrôle plus rien et est incapable d’assurer la sécurité. Nous sommes dans la région des milices religieuses, terroristes, mafieuses… parfois les trois à la fois. Les conditions très violentes de l’élimination de Kadhafi ont laissé des traces dans la jeunesse qui aime donner le coup de feu.


Les troubles s’étendent à l’Égypte. Comment Washington peut reprendre la main?

En Égypte, je suis persuadé qu’il y a plus de complicité entre le président Mohamed Morsi et les Etats-Unis qu’on ne pense. Il faut se souvenir la rapidité avec laquelle Washington a lâché Moubarak. Par ailleurs, le discours du président égyptien à Téhéran lors du sommet des non-alignés était en cohérence avec la ligne développée par les États-Unis.


Le président égyptien est-il devenu le garant des intérêts américains?

Il ne reçoit pas directement des ordres d’Hilary Clinton ou de Barack Obama mais il a une ligne qui ne doit pas fâcher Washington. Son but est de replacer l’Égypte dans les relations diplomatiques de la région ce qui n’était plus le cas à la fin de la présidence de Moubarak. Les frères musulmans n’ont aucun intérêt à se fâcher avec les Américains. Ils veulent rester au pouvoir et ont besoin du soutien de Washington.


La situation économique égyptienne est très grave et Le Caire a besoin du FMI, contrôlé par les USA, et de l’aide financière directe américaine qui ne s’est jamais interrompue.


Les États-Unis vont-ils mener une nouvelle guerre aux salafistes dans cette région?

Depuis très longtemps, les Etats-Unis n’ont jamais cessé de traquer les terroristes au Yémen par exemple où des forces spéciales mènent déjà des opérations notamment avec des drones. Mais l’intelligence d’Obama a été de ne pas faire de la lutte contre le terrorisme le pivot de sa politique étrangère.

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