ANALYSES

Mali : les questions soulevées par l’intervention de l’ONU

Presse
21 décembre 2012
Philippe Hugon - BFM TV.fr

Une majorité de Maliens étaient soulagés vendredi à Bamako au lendemain du feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU à l’envoi d’une force internationale pour chasser les islamistes du nord du pays. Le déploiement d’une telle force ne devrait toutefois pas intervenir avant des mois.


Regards croisés de Philippe Hugon et Hugo Sada, tous deux spécialistes de l’Afrique à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).


Pourquoi cette décision intervient-elle maintenant ?

Philippe Hugon : Ce n’est pas une coïncidence avec le voyage de François Hollande en Algérie. Les Algériens étaient les plus réticents (à intervenir), or c’est une pièce maîtresse dans le dispositif. Certains obstacles ont été levés tout récemment.


La seconde explication est qu’il fallait que ce vote se fasse avant la fin de l’année. Susan Rice, qui était très hostile à cette intervention, n’a finalement pas été nommée secrétaire d’Etat pour remplacer Hillary Clinton puisque c’est John Kerry qui va être nommé. Cela lève un autre obstacle.


Hugo Sada : C’est la suite d’un processus enclenché en novembre, avec une précédente résolution du Conseil de sécurité. C’est un processus long et durement négocié parce que les Etats-Unis étaient très réticents et Ban Ki-moon était contre un engagement direct.


Quel va être le rôle de la France ?

Philippe Hugon : D’abord appuyer l’armée malienne et participer à la formation des militaires, en liaison avec l’Union européenne. Ce qui va prendre beaucoup de temps. La France apportera également un appui logisitique. Il y a des bases militaires tout autour du Mali. Il y a donc une possibilité d’appui en terme d’aviation, de renseignements et de matériel militaire.


Il n’y aura pas d’hommes français sur le terrain. Restent les questions des réseaux, des Forces spéciales et, éventuellement, des infiltrations. Restent évidemment les questions des réseaux, des Forces spéciales, éventuellement des infiltrations. Mais ça c’est le cas également pour les Algériens et pour les Américains.


Quelles conséquences sur le sort des otages Français au Mali ?

Philippe Hugon : Même si certaines des revendications des preneurs d’otage ont été en partie réalisées, à savoir le départ des troupes françaises d’Afghanistan, une intervention militaire au Mali menace la vie des otages. Si les otages étaient tués, c’est une arme de négociation et de financement qui disparaîtrait.


Hugo Sada : La négociation devient plus compliquée. Avant la crise, les otages avaient une double valeur, la visibilité et l’argent. Maintenant, ils servent aussi de bouclier et de levier, au cas où une opération militaire se déclenche.

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