ANALYSES

Affaire Snowden : mais où est Edward ?

Presse
24 juin 2013
Qu’est-ce que cette chasse à l’homme révèle de l’imbroglio diplomatique dans lequel se trouvent aujourd’hui les États-Unis ?



On a l’impression que Moscou et Pékin, et même peut-être aussi La Havane ou l’Équateur (s’il est confirmé que Snowden s’y rende) en profitent pour faire un joli pied de nez à Washington. Pendant des décennies, Washington a fait des leçons de morale sur les droits de l’Homme à ces pays qui étaient d’ailleurs très souvent justifiées. Là, ce sont ces deux pays – qui ne sont, certes, pas des démocraties- qui tiennent leur revanche. Ils peuvent dire que la raison d’État qui conduit les États-Unis à poursuivre quelqu’un qui n’a fait que révéler des choses pour l’information du grand public alors que les États-Unis épiaient et espionnaient de façon orwellienne – comme ils le présentent- les citoyens.


Donc on a l’impression que c’est un peu le monde à l’envers. Moscou et Pékin protègent un dissident américain alors que pendant très longtemps on a eu des dissidents russes et chinois protégés et aidés par les États-Unis (lire nos articles sur le Chinois Chen Guangcheng réfugié aux États-Unis).


 


La Russie tient-elle au travers de Snowden un moyen d’être davantage informé sur les États-Unis ?



Il  a dit l’essentiel. Il peut peut-être apporter des informations complémentaires mais je ne pense que pas qu’il soit utile en termes de renseignements. Mais disons que Poutine, c’est bien dans ses méthodes, on sait qu’il aime bien la provocation,  et en bon judoka renverser la force de l’adversaire. Et là, il en a l’excellente occasion.


Le style de Poutine est beaucoup plus éclatant que le style des dirigeants chinois qui est plus à ne pas faire une politique de tambours battants. Il y a aussi une question de tradition politique chez les uns et les autres.


 


Pourquoi l’Équateur a-t-il été choisi par Assange et maintenant Snowden pour demander l’asile politique ?



I y a le précédent Julian Assange qui aide à cela  et on sait qu’une sorte de refuge pour les dissidents cybernétiques par rapport aux États-Unis  et il y a la possibilité d’être accueilli. C’est quand même une destination qui en termes démocratiques posent moins de problèmes. Disons que ce n’est pas un ennemi direct ni un rival direct des États-Unis. Et c’est vrai que c’est un régime qui, du coup, suscite moins de réserve chez les partisans des droits de l’Homme que la Russie et la Chine.


Dans la mesure où les uns et les autres veulent dénoncer le manquement aux droits de l’Homme des États-Unis, c’est vrai qu’il y a une limite à le faire à partir de Moscou ou Pékin. Assange et Snowden ne rentrent ainsi pas dans une rivalité directe entre Pékin, Moscou d’un côté et Washington.

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