ANALYSES

Barack Obama en Asie pour rassurer ses alliés face à la Chine

Presse
22 avril 2014

Le président américain effectue à partir de mercredi 23 avril une tournée en Asie qui doit le mener au Japon, en Corée du Sud, en Malaisie et aux Philippines. Au cours de son voyage, Barack Obama va tenter de convaincre ses interlocuteurs que le «pivotement» stratégique des Etats-Unis vers la région n’est pas qu’un effet d’annonce, mais une réalité face à une Chine ambitieuse.


Quel est l’objectif de cette visite ?



Dans le cadre de leur stratégie de «pivotement» ou de «rééquilibrage» vers l’Asie, les Etats-Unis sont particulièrement attentifs à cette région du monde. En 2011, Barack Obama a en effet annoncé un redéploiement des moyens militaires, diplomatiques et commerciaux américains vers l’Asie-Pacifique.


Avec cette politique, les Etats-Unis ne cherchent pas à diminuer leurs forces armées en Occident pour les augmenter en Asie. Cette baisse des effectifs en Occident s’accompagne en fait d’une réorganisation des forces américaines dans le Pacifique. Autrefois très présente entre le Japon et la Corée, l’US Army se positionne désormais vers l’Australie, les Philippines, la Thaïlande etc.


Il y a quelques années, les pays alliés des Américains en Asie s’étaient éloignés de Washington. Aujourd’hui, face à l’attitude agressive de la Chine, ces Etats veulent s’abriter sous le parapluie américain, garant de stabilité.


Quelles sont les traductions concrètes de cette stratégie de « pivotement » ?



Son illustration la plus spectaculaire a été le déploiement, annoncé en 2011, de Marines dans le nord de l’Australie pour réagir rapidement en cas de crise régionale (le contingent américain a atteint 1 150 soldats en avril sur un total de 2 500 militaires prévu d’ici à 2017, ndlr). On peut aussi noter la remise en place d’une présence armée limitée mais permanente dans la région, aux Philippines notamment. 


Qu’attendent le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie et les Philippines de cette visite ?



Le Japon attend beaucoup sur le plan économique (négociations en cours autour du partenariat trans-pacifique ou TPP, qui compte 12 pays représentant 40% du PIB mondial, ndlr). Tokyo espère aussi une non-condamnation de certains actes (montée en puissance militaire, visite du sanctuaire de Yasukuni etc.).


La Corée du Sud souhaite une réaffirmation du soutien des Etats-Unis vis-à-vis de la Corée du Nord. Les Philippines veulent que les Américains disent qu’ils ne laisseront pas la Chine poursuivre ses incursions dans leurs eaux territoriales. Et la Malaisie vise un renforcement de ses relations avec Washington dans tous les domaines.


Le président américain n’ira pas en Chine. Comment l’interpréter ?



Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping se sont entretenus à La Haye, aux Pays-Bas, fin mars. Le président américain ne pouvait pas rencontrer tous les chefs d’Etat de la région. On pourrait aussi bien se demander pourquoi il ne se rendra pas en Thaïlande ou au Vietnam par exemple.


Sur le plan stratégique, l’attitude belliciste de Pékin pose problème, notamment en ce qui concerne les îles Senkaku, administrées par le Japon, mais revendiquées par la Chine. Dans une période marquée par de fortes querelles territoriales, Obama va tenter de rassurer ses interlocuteurs.


Assiste-t-on à la formation d’un axe américano-asiatique contre la Chine ?



Je parlerais plutôt de la mise en place de bonnes relations militaires entre les Etats-Unis et ses partenaires dans la région. Du reste, la Chine craint en effet un front commun de la part de ses voisins. La dernière réunion de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) a failli aboutir à une déclaration commune en matière de sécurité pour que toute attaque contre l’un des Etats membres soit considérée comme une agression de l’Asean dans son ensemble.

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