ANALYSES

Offensive djihadiste en Irak: « Ils sont en train de mettre en place une partie de leur programme »

Presse
19 juin 2014

Selon le spécialiste de l’Irak à l’Iris Karim Pakzad, les combattants de l’EIIL n’ont pas la capacité de faire tomber Bagdad…


La menace sur Bagdad est-elle réelle? Et jusqu’où peuvent s’étendre les combats de l’EIIL en Irak?



La menace existe bel et bien. Mais il faut avoir en tête deux choses. D’une part, les combattants de l’EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant) n’ont pas la capacité en termes d’effectifs et de moyens de rentrer dans Bagdad et la faire tomber. La capitale irakienne reste très bien protégée, aidée par des milices chiites très bien entraînées. De plus, les combattants Kurdes sont déjà positionnés pour stopper cette avancée des extrémistes sunnites dans le pays. D’autre part, dans l’hypothèse où l’EIIL parviendrait à prendre Bagdad, la riposte et les sanctions internationales -notamment en provenance l’Iran et des Etats-Unis- ne ne se feront pas attendre. Dans ce cas de figure, ils peuvent provoquer une guerre.


La prise de Mossoul a tout de même prouvé que les combattants étaient très bien entraînés, est-ce qu’il y a risque de déstabilisation politique?



Ils ont effectivement fait tomber Mossoul où l’armée n’a pas résisté très longtemps, puis Tikrit à 160 kilomètres de Bagdad. Mais dans ces zones, l’armée irakienne n’est pas bien organisée. Ce qui est certain et extrêmement grave, c’est qu’ils sont en train de parvenir à mettre en place une partie de leur programme et de l’idéologie, c’est-à-dire un Etat entre la Syrie et l’Irak, un califat au cœur du monde arabe. A partir de cette base, ils pourront lancer de nombreuses opérations et déstabiliser tout le Moyen-Orient.


Cela fait pourtant plusieurs mois que l’EIIL grignote du terrain en Irak. Pourquoi aucune décision n’a été prise plus tôt de la part des Occidentaux ou des pays voisins?



Absolument, ils ont d’abord profité de la situation de chaos et d’instabilité politique qui ne cesse de se dégrader dans le pays. Et notamment des tensions entre le Premier ministre Nouri al-Maliki et ses alliés. Ce contexte a permis à l’EIIL de lancer leurs attaques à partir de la Syrie sans être trop inquiétés. Puis, la menace de ce premier groupe armé de la région a été sous-estimée, négligée par les Occidentaux. Mais désormais l’EIIL a la capacité de déstabiliser le Moyen-Orient.


Quelles sont les solutions pour endiguer cette offensive?



La seule solution désormais pour stopper l’avancée de cette organisation est de mettre en place une politique de lutte cohérente contre Al-Qaida et les différents groupes affiliés dans la région, dont la plus importante et la plus menaçante pour le moment est l’EIIL.


 

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