ANALYSES

A J-50 avant la Coupe du monde de football, où en est le Brésil ?

Interview
22 avril 2014
Le point de vue de Jean-Jacques Kourliandsky
A moins de deux mois du coup d’envoi du Mondial, quelle est la situation politique et sociale du Brésil ?

Le Brésil est en pré-campagne électorale qui est agitée par une série d’affaires. Il est assez peu question, pour le moment de programmes politiques en tant que tel même si les représentants des candidats se sont mis d’accord sur les modalités du premier face-à-face en août prochain. La presse et l’opposition tentent d’acculer la présidente-candidate sur la tutelle qu’elle a exercée sur la société pétrolière publique Petrobras sous la mandature de son prédécesseur, Lula da Silva. La majorité renvoie au PSDB la passation sans appel d’offre de contrats avec de grandes sociétés de transport ferroviaire international.

Le journal O’Globo a révélé un rapport interne du gouvernement brésilien concernant les potentiels risques autour de la Coupe du Monde. Quelles ont été les conséquences de cette révélation ?

La sécurité est une préoccupation permanente qui n’a rien de conjoncturel. La presse, globalement anti-gouvernementale, publie beaucoup d’articles signalant le risque créé par cette réalité sur le bon déroulement de la Coupe du monde de football. Cette même presse se fait également l’écho des réunions préparatoires des collectifs anti-mondial qui s’organisent afin de pouvoir relancer les contestations dès le premier jour du Mondial.
Le gouvernement et les autres autorités concernées (Etats et municipalités qui ont toutes leur part de responsabilité en matière de sécurité) ont surréagi. Tous les corps de police et l’armée ont été mobilisés. Diverses opérations ont été menées en vue de prendre le contrôle de quartiers difficiles proches d’installations sportives ou de zones touristiques. Ce regain d’activité sécuritaire a eu deux conséquences. Il a durci la résistance des délinquants. Il a déplacé l’insécurité vers des communes jusque-là relativement épargnées comme Niteroi, à la périphérie de Rio. D’autre part, les éléments contestataires en ont tiré un surcroît de résolution contre ce qu’ils assimilent à une militarisation de la vie sociale et politique.

La Coupe du monde de football a-t-elle des incidences sur la vie politique brésilienne et plus particulièrement sur la campagne présidentielle d’Octobre 2014?

Oui et non. 41% des Brésiliens ont signalé dans divers sondages leur désintérêt. Ils n’auront pas accès aux stades, en raison du prix des places et tout simplement parce que les enceintes sportives ne le permettraient de toute façon pas.
Il est vrai que la grisaille économique et sociale marquée par l’annonce de difficultés pour perpétuer certains programmes sociaux, le retard sur le calendrier de réalisation des travaux (qu’il s’agisse des stades ou des aéroports), provoquent doute et gêne dans les douze villes accueillant la compétition. Toutes choses qui génèrent doutes et critiques sur la portée des retombées matérielles et financières du Mondial. Le gouvernement en a pris note et a décidé de passer à l’offensive. Il vient d’annoncer qu’il allait lancer le 27 avril une grande campagne visant à présenter les travaux en cours comme ‘un joker pour demain’. Le ministre des Sports a signalé qu’il y avait une campagne contre la Coupe, et qu’il était temps d’organiser une contre-campagne. La présidente a décidé de se saisir à bras le corps de ce sujet. Le 16 avril inaugurant le nouveau terminal de l’aéroport de Brasilia, elle a tenu des propos vigoureux signalant que la Coupe allait laisser des installations pérennes au service de millions de consommateurs brésiliens.
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