ANALYSES

Elections en Italie : quelle influence l’alliance entre la Ligue du Nord et le parti de Berlusconi devrait-elle avoir sur la campagne ?

Interview
10 janvier 2013
Réponse de Fabio Liberti, directeur de recherche à l’IRIS
L’alliance scellée entre la Ligue du Nord et le Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, peut-elle changer la donne lors des élections générales des 24 et 25 février ?
C’est un accord très important. La loi électorale italienne accorde une importante particulière aux grandes régions, et parmi celles-ci, deux régions septentrionales, la Lombardie et la Vénétie, risquent d’être décisives lors du scrutin de février. La Lombardie, en particulier, sera à l’Italie ce que l’Ohio est à l’élection présidentielle américaine, la région décisive. Si la victoire de la gauche ne semble pas en discussion, il ne faut pas oublier qu’en Italie la chambre des députés et le Sénat disposent des mêmes pouvoirs. Or, si la gauche devrait obtenir une majorité confortable à la chambre des députés grâce à la prime à la majorité prévue par la loi électorale, la situation au Sénat est plus intriquée, car la prime est calculée sur une base régionale, d’où l’importance accrue des grandes régions comme la Lombardie. La Ligue du Nord est très forte du point de vue électoral au Nord bien sûr, et notamment en Lombardie, d’où la nécessité absolue pour M. Berlusconi de sceller un pacte avec elle, pour avoir une chance de « mutiler » la victoire de la Gauche la privant d’une majorité au Sénat.

Silvio Berlusconi se verrait bien en super ministre de l’Economie alors que 67% des électeurs italiens déplorent son retour sur la scène politique selon un récent sondage. Quelle est la crédibilité du retour sur le devant de la scène du Cavaliere ? Quelles sont ses positions sur l’économie italienne ?
Berlusconi a dû « retirer » sa candidature au poste de Premier Ministre en raisons des pressions de la Ligue du Nord. Ce parti, secoué par des scandales de corruption, s’est doté d’un leadership rajeuni et fait campagne sur la modernisation de la vie politique. Dès lors, elle aurait été en difficulté à soutenir un « dinosaure » comme M. Berlusconi pour ce poste. Berlusconi dit ainsi pouvoir se contenter du poste de ministre de l’Economie. Très franchement, je pense que la question ne se pose pas de toutes les manières, S. Berlusconi n’ayant aucune chance de remporter ce scrutin. Certes ses charges anti-allemandes, anti-euro, anti-austérité lui valent un rebond dans les sondages, mais de là à remporter les élections…

Sur quelles thématiques devraient se jouer la campagne ? Comment devrait-elle se dérouler d’ici les élections générales ?
Les questions économiques dominent la scène, encore plus depuis la décision de M. Monti de conduire une alliance centriste aux urnes. M. Monti veux montrer que, malgré l’impopularité de ses réformes, les Italiens sont mûrs politiquement et comprennent la nécessité de sacrifices pour moderniser le pays et le relancer. Le Parti démocrate partage globalement « l’Agenda Monti » tout en mettant l’accent sur les questions sociales et il est tiraillé entre son alliance avec la gauche radicale, et la quasi-certitude de devoir composer après les élections avec les soutiens de M. Monti pour former un gouvernement. De l’autre côté du spectre Berlusconi, le Mouvement 5 étoiles de l’humoriste B. Grillo fait campagne contre l’austérité et l’UE « germano-centrique ». D’autres thèmes s’inviteront sans doute à la campagne, comme l’évolution de la législation pour les couples homosexuels, un thème de société fortement clivant dans un pays comme l’Italie où l’église garde une influence certaines sur les milieux politiques. Mais l’économie restera la question clé, comme il est normal dans un pays en récession, ayant subi une cure d’austérité plus que sévère.
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