ANALYSES

Obama-Romney : qui remporte le deuxième débat de la course aux présidentielles ?

Interview
17 octobre 2012
Le point de vue de Barthélémy Courmont
Obama a-t-il réussi à reprendre la main lors du débat d’hier ?
En comparaison avec le premier duel télévisé opposant les deux candidats, où il était apparu agacé, mal préparé et hésitant, Barack Obama a incontestablement repris la main lors de ce débat. Plus offensif, plus présidentiel dans sa posture, et plus sûr du bien-fondé de son programme, il a pris au sérieux son adversaire (ce qui fut peut-être son erreur lors du premier débat d’il y a deux semaines), préparé ses dossiers et est apparu, tout au long du débat, percutant et à l’affût de la moindre faille dans les développements de Mitt Romney. Ce dernier a confirmé son regain spectaculaire, et ne s’est pas laissé intimider par son rival, mais à l’inverse du premier débat, il était cette fois sur la défensive, que ce soit face aux attaques d’Obama ou quelques questions embarrassantes sur lesquelles il a montré les limites de son programme. Les médias traduisent ce regain de forme d’Obama, que le duel Biden-Ryan de la semaine dernière, avec un vice-président sortant offensif, avait déjà annoncé, et donnent le président sortant vainqueur, mais d’une courte avance. Il faut cependant rester prudent sur cette tentation de désigner un ‘vainqueur’ des débats, et de l’impact sur le vote. En 2004, John Kerry avait été déclaré vainqueur des trois débats face à George W. Bush mais c’est ce dernier qui fut réélu.

Quelles furent les thématiques disputées ?
Ce deuxième débat était une rencontre avec des électeurs indécis, qui posaient tour à tour des questions sélectionnées, sur une vaste gamme de sujets, incluant la politique étrangère, puisque les réponses à l’attaque du consulat américain de Benghazi furent évoquées. Mais ce sont surtout, sans surprise, les questions économiques et sociales qui s’invitèrent dans ce face-à-face. Les politiques d’immigration, de l’égalité sociale hommes-femmes ou encore de l’énergie furent également mentionnées. Sur ces différents sujets, les deux candidats ont pu développer leur programme économique et social, et afficher leurs divergences profondes. Il s’agit d’un clivage traditionnel entre Républicains et Démocrates, qui s’articule autour de la question du Big Government , et qui confirme l’opposition très nette entre deux conceptions dans cette campagne.

Romney président, à quoi l’Amérique ressemblerait-elle ?
C’est une question à la fois difficile et intéressante, qui fut d’ailleurs posée en d’autres termes lors du débat. Une électrice indécise a ainsi demandé à Romney ce qui le distingue de George W. Bush. L’ancien gouverneur du Massachussetts répondit que contrairement à l’ancien président républicain, il soutiendrait les petites entreprises plutôt que les grandes, affichant ainsi ses différences sur le terrain de l’économie, son sujet de prédilection où il est le plus à l’aise. Pour autant, Obama n’a pas manqué de l’attaquer à plusieurs reprises en notant que, comme Bush, Romney baisserait les taux d’imposition des ménages les plus favorisés, et que comme Bush il n’aurait pas de réponse dans le même temps pour combler le déficit du budget. En matière de politique étrangère, sujet qui mobilise les observateurs étrangers, les orientations de Romney sont plus difficiles à évaluer. Soutien sans faille à Israël, volonté de réaffirmer un leadership américain à ses yeux mis à mal sous l’administration Obama, l’augmentation du budget de défense ou encore une grande fermeté avec la Chine (qui est omniprésente dans ses discours) sont au programme du candidat républicain. Mais entre les promesses de campagne et la réalité du pouvoir, il y a souvent une grande différence.

*Spécialiste des Etats-Unis, Barthélémy Courmont est par ailleurs rédacteur en chef de Monde chinois, nouvelle Asie. Il vient de publier La Chine en défi, avec Emmanuel Lincot, chez Erick Bonnier Editeur.
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