Paraguay : un coup d’Etat constitutionnel est-il en train de se profiler ?
Interview
22 juin 2012
Cependant, les conditions du processus de destitution engagé posent problème, ce qui explique des interventions extérieures assez pressantes depuis quelques heures. On note celle de l’Organisation des Etats américains (OEA), celle des Etats-Unis et celle de l’Union des nations sud-américaines, l’Unasur qui a dépêché sur place les douze ministres des Affaires étrangères de ses pays-membres. L’opposition a saisi le raté du président Lugo la semaine dernière pour demander sa destitution, et étant majoritaire, cette destitution devrait être approuvée par l’assemblée. Mais le problème qui est posé est celui de la constitutionnalité de cette saisine, le résultat attendu répondant à des objectifs beaucoup plus politiques qu’institutionnels. Le secrétaire général de l’Unasur a ainsi considéré dans un communiqué qu’il s’agissait d’un coup d’Etat constitutionnel.
Afin d’éviter cette destitution, un certain nombre d’organisations agricoles de paysans sans terres appellent à venir manifester dans la capitale Asunciòn. Il y a ainsi des risques de déstabilisation qui sont assez graves pour la région. La mission effectuée par les ministres des Affaires étrangères de l’Unasur, où sont particulièrement engagés les ministres brésilien et argentin, va avoir un poids déterminant. Cette pression extérieure vise à ce que le Paraguay reste dans le cadre d’une justice s’exerçant de façon démocratique et non pas de façon accélérée et politique, comme cela semble être le cas aujourd’hui. Un tel processus pourrait entraîner de graves conséquences, tant pour la stabilité du Paraguay que pour celle de ses voisins.