ANALYSES

Chine : que déduire de la dernière session parlementaire ?

Interview
27 mars 2012
Comme chaque année les deux assemblées (« liang hui ») chinoises ( Assemblée nationale populaire et Conférence consultative politique du peuple chinois ) ont tenu leur session de printemps. Et comme chaque année, le Premier ministre a dressé le bilan de l’année écoulée et annoncé les priorités gouvernementales.
Sur la feuille de route de 2012 figurent les mesures suivantes : augmentation de la demande intérieure, stabilisation des prix, lutte contre les inégalités de revenus, efforts en faveur de l’éducation (4% du PIB), du système de santé, de la protection de l’environnement, des économies d’énergie.
En somme, une croissance plus équilibrée, plus durable, plus qualitative, plus verte, avec un objectif quantitatif de 7,5%.
Le dernier discours de Wen Jiabao dans cette enceinte aura été marqué par des accents progressistes et réformistes : nouvelle gestion de la société, renforcement de l’autonomie politique locale (suivant l’exemple des récentes élections de Wukan) afin de réformer la gouvernance politique (i.e. dans le cadre inchangé du PCC), justice sociale accrue et bien-être social (une tonalité confucéenne déjà présente l’année dernière).
Alors que les prévisionnistes annonçant depuis plus de 20 ans l’effondrement de la Chine ne cessent d’être démentis par les faits, c’est bien du côté de la société et du malaise social grandissant (sur fond de corruption des élites et d’inflation galopante) que vient le vent de la contestation du système.
Les dirigeants communistes réfléchissent donc à une réforme politique qui préserve leurs fondamentaux. L’exercice est délicat, d’autant que les rivalités s’exacerbent à quelques mois du renouvellement du Politburo (octobre 2012) et de l’accession à la tête de l’Etat chinois de la 5ème génération (mars 2013).
La chute de l »étoile rouge’ de Chongqing, le très médiatique et charismatique Bo Xilai, est ainsi particulièrement significative des luttes internes au sein du Parti.
Quelques semaines après la mystérieuse visite de Wang Lijun, son bras droit, chef de la police locale, au consulat américain de Chengdu, Bo Xilai a été destitué le 15 mars de son poste de n°1 du parti au profit de Zhang Dejiang.
A quelques mois du 18ème Congrès, ce règlement de compte rappelle le limogeage de Chen Liangyu, maire de Shanghai, en 2006, pour corruption.
La mise à l’écart de Bo Xilai, tenant de la Nouvelle gauche, directement visé par Wen Jiabao dans sa référence au risque d’une nouvelle révolution culturelle portée ces néo-maoïstes, marque la fin du ‘modèle de Chongqing’ et certainement le point d’arrêt de la carrière de ce fils d »immortel’ dont le style flamboyant et les idées radicales irritaient fortement Zhongnanhai.