ANALYSES

La visite aux États-Unis de Xi Jinping représente-t-elle une rupture dans les relations sino-américaines ?

Interview
17 février 2012
Réponse de Fabienne Clérot, chercheure associée à l’IRIS
Cette visite ne représente certainement pas une rupture, mais une nouvelle étape, placée des deux côtés sous le signe d’une « opération séduction ».
La première partie de cette visite s’est déroulée dans l’Iowa. Par ce choix, Xi Jinping a voulu mettre en avant la relation de long terme qu’il entretient avec les États-Unis. Il s’était en effet déjà rendu dans cet état en 1985 alors qu’il était en charge de l’agriculture au Hebei. Au cours de la dernière quinzaine, les journaux chinois ont énormément parlé de ce « retour aux sources » de Xi Jinping. L’accent a été mis sur les relations d’amitié qu’il a continué d’entretenir avec des personnes qu’il avait rencontrées à l’époque. De plus, la fille de Xi Jinping et de sa femme Peng Yuan étudie aux États-Unis, à Harvard. Tout cela montre bien à quel point le futur président chinois entretient une sorte de tropisme américain, à la différence de ses prédécesseurs. L’accent a donc été mis sur ce changement de génération, sur l’ouverture, bien que relative, du futur dirigeant chinois.
Côté américain, beaucoup d’efforts ont été faits. Pour l’accueillir, et pour montrer que la confiance est maintenant instaurée entre les deux parties, ce qui néanmoins ne change pas grand-chose dans les faits : les problèmes qui fâchent ont tout de même été évoqués, et demeurent inchangés.
Le moment choisi pour cette rencontre est très particulier, car des changements de dirigeants se dessinent des deux côtés du Pacifique. D’une part Obama se présente pour un nouveau mandat, et de l’autre Xi Jinping est assuré de devenir le prochain président. Ainsi, l’on a pu constater un phénomène d’apprivoisement entre deux êtres qui ne se connaissent pas beaucoup, et font des efforts.
Finalement, les problèmes demeurent: déséquilibre commercial ; divergences d’approche sur certains sujets internationaux comme la Syrie, l’Iran ou la Corée du Nord ; tensions internes en Chine (Tibet, Taïwan). Malgré l’apparente cordialité, ces points sensibles ont transparu durant toutes la visites par petites phrases interposées.
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