ANALYSES

Dans quel contexte politique s’ouvre la conférence de l’ONU sur le climat ? Pour quels enjeux ?

Interview
29 novembre 2011
Par [Sarah Lacarrière->http://www.iris-france.org/analyse/nos-experts.php], chercheure à l’IRIS
Le sommet de Durban s’ouvre dans une relative indifférence. Indifférence d’autant plus notable que celui de Copenhague, il y a deux ans, avait provoqué un important vent de mobilisation et de médiatisation. Aujourd’hui, cette mobilisation n’est plus du tout à l’ordre du jour. Le contexte politique y joue pour beaucoup, et laisse présager de la faiblesse des possibilités d’évolutions.

En cela, deux facteurs principaux sont à considérer. Tout d’abord le contexte de crise économique, qui explique en partie ce déclin des préoccupations environnementales, et qui se traduit notamment par le manque de volonté des États de s’engager sur des objectifs coûteux, et surtout par une faible marge de manœuvre pour proposer des financements additionnels pour les pays en développement. Ensuite, il faut tenir compte de l’approche des prochaines élections présidentielles aux États-Unis car, dans un tel contexte, il y a fort à parier que le gouvernement n’optera par pour une modification de sa position ou pour la manifestation d’une posture volontaire assortie d’engagements concrets, le changement climatique n’étant pas un sujet de préoccupations pour les Américains.

À l’ordre du jour de cette conférence de Durban, l’on retrouve le protocole de Kyoto. Sur ce point la situation est dans l’impasse, ce qui est une constante depuis Copenhague et contribue à nuire au climat de négociation. Les pays en développement y sont très attachés et la première période d’engagement arrivant à terme en 2012, il faut maintenant définir les objectifs à venir. Depuis un an et le sommet de Cancun, les États-Unis, qui ne sont pas engagés dans le protocole, ont rallié à leur cause d’autres pays (le Canada, la Russie, le Japon), qui ne souhaitent pas voir ce protocole prolongé dès lors que les pays émergents et gros émetteurs ne s’y associent pas. Seule l’Union européenne appuie le principe d’un engagement sur une nouvelle période.

Une autre question importante sera posée à l’ordre du jour ; celle de la création d’un fonds vert, dont l’objectif a été acté à Cancun, et dont il faut maintenant déterminer à la fois la structure, le mode de fonctionnement, et les financements. Sur ce point, le contexte économique laisse présager peu de marge de manœuvre pour les pays développés. Il semble donc difficilement imaginable que les engagements soient à la hauteur des attentes des pays en développement.

Globalement, le Sommet de Durban 2011 se présente de la même façon que celui de Cancun en 2010. En raison du contexte politique global, les attentes sont très faibles, et les avancées encore une fois peu probables. Et si le Sommet de Cancun avait au moins permis de sauver le processus onusien et de contribuer à remettre les États sur les rails après l’échec de Copenhague, il semblerait qu’il n’y ait rien à attendre de Durban, pas même cette maigre consolation. Quoi qu’il en soit le résultat obtenu à Durban s’inscrira comme un prélude au sommet symbolique de Rio+20 sur le développement durable qui aura lieu en juin 2012. De son résultat dépendra en partie le climat dans lequel s’ouvrira ce sommet anniversaire. Pour le moment peu de chefs d’État ont manifesté leur intention d’y participer.
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