ANALYSES

Après le Sommet de l’UE, l’Italie est-elle le nouveau maillon faible de l’Europe ?

Interview
24 octobre 2011
« Silvio Berlusconi, le Premier ministre italien, a effectivement été pointé du doigt tout au long du sommet.

Une scène a du mal à passer en Italie, qui s’est jouée pendant la conférence de presse de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel : un journaliste leur a demandé s’ils faisaient toujours confiance à l’Italie pour mettre en œuvre les mesures nécessaires. Nicolas Sarkozy n’a pas répondu immédiatement, tout en arborant un sourire en coin, réaction qui a provoqué des éclats de rire dans toute la salle. L’Italie s’est retrouvée ainsi ridiculisée sur la scène européenne, et ce à cause de la perte de confiance à l’égard de son Premier ministre.

Mercredi, un nouveau sommet, réunissant les chefs d’Etats et de gouvernement des Etats membres de la zone euro, devra mettre en œuvre les mesures concrètes qui auront été décidées ces deux derniers jours à Bruxelles auxquelles s’ajouteront de nouvelles, qui naîtront de la réflexion sur les moyens de sauver l’Euro et par ricochet l’Union européenne.
Plusieurs questions sont donc sur la table : celle de la dette grecque demeure prépondérante, et notamment la question des réductions qui vont être demandées aux établissements bancaires privés dans les pertes qu’ils vont devoir accepter sur ces dettes ; mais il y a surtout celle du renforcement du Fonds Européen de Stabilisation Financière (FESF) de façon à créer un « pare-feu » sur d’autres pays, comme l’Italie et l’Espagne. Ces derniers, même s’ils n’ont pas les mêmes problèmes que la Grèce, pourraient tomber dans le même gouffre en cas de difficulté sur les marchés de refinancement de leur dette.

Le centre du problème est donc en train de se déplacer vers l’Italie qui est en passe de devenir le maillon faible, non pas pour des raisons économiques, parce que les fondamentaux pour ce pays sont plutôt bons, mais plutôt parce qu’elle semble être victime sur les marchés d’une crise de confiance dont la classe politique nationale est responsable.
En effet, malgré les mesures draconiennes d’austérité qui ont été imposées aux mois de juillet et d’août par le gouvernement Berlusconi, l’Italie semble être sur le banc des accusés à Bruxelles, tant sa souveraineté est en ce moment limitée ; on lui demande de faire plus d’efforts, notamment sur la relance de sa croissance économique, mais les désaccords entre les partenaires du gouvernement les rendent impossibles.

Les réunions de samedi et dimanche derniers semblent avoir eu pour but de balayer le terrain pour un accord global mercredi. Ce qui en est ressorti, et qui reste inquiétant, est le manque de crédibilité de Silvio Berlusconi sur ses capacités à sortir l’Italie et la zone euro de cette crise. Certes, une démission du Premier ministre italien permettrait d’accélérer une sortie de crise, mais son leadership n’est néanmoins pas le seul à être affaibli. Le symbole d’Angela Merkel, chancelière allemande, qui impose un nouveau sommet mercredi pour pouvoir entre-temps consulter les partis politiques allemands de façon à leur « vendre » l’accord qui a été trouvé est quand même catastrophique. L’axe franco-allemand qui, jusque-là, conduisait l’Union européenne et lui permettait de dépasser les crises, semble par ailleurs considérablement affaibli. Nous avons ainsi assisté à une très grave crise de leadership européenne.

Quant à savoir si l’Italie peut être considérée comme le maillon faible de l’Union européenne, je ne le crois pas ; c’est plutôt Berlusconi, selon moi, qui tient ce rôle, et non l’Italie. Pour autant, la chancelière Merkel porte, elle aussi, à un degré différent, une lourde responsabilité dans ce qui est en train de se produire. »