ANALYSES

Session parlementaire 2014 en Chine : quels changements ?

Tribune
7 mars 2014
Le contexte politique est moins spectaculaire cette fois-ci car c’est en fait lors du 3ème plénum du 18ème congrès (traditionnellement un moment essentiel) que les grandes réformes ont été annoncées, à commencer par la création d’un conseil de la réforme, d’un conseil national de sécurité, ainsi que la poursuite de la campagne anti-corruption (des proches de Zhou Yongkang, l’ancien membre permanent du comité permanent, en sont les dernières victimes).

Néanmoins, le début de session parlementaire correspond en général à une série d’annonces traditionnelles comme le discours d’ouverture du Premier ministre, le budget – annoncé par le ministre des Finances – et les points saillants que sont depuis quelques années l’économie, la défense et l’environnement. Le point sur les grandes annonces de cette session parlementaire.


Economie

Le Premier ministre a indiqué une prévision de croissance à 7,5 % pour 2014, ainsi qu’un taux d’inflation limité à 3,5 %. Ces taux ne sont guère surprenants pour quiconque a suivi les derniers développements de l’économie chinoise : ralentissement de l’activité (notamment la bulle immobilière), baisse de l’investissement et réévaluation progressive du Yuan par rapport au dollar. La Shanghai Free Trade Zone a vu son statut officialisé avec un marché des changes ouvert. Dans son rapport, Li Keqiang indique vouloir « favoriser la création de nouvelles entreprises privées » tout en améliorant la gestion des entreprises d’Etat – qui représentent toujours plus de 50 % du PNB chinois.

Environnement

Le gouvernement chinois semble avoir pris la mesure des risques sociaux issus des problèmes environnementaux, et « déclare la guerre » à la pollution à travers des réductions d’émissions de CO2 issues de l’industrie et de l’automobile. « La pollution est un signal très clair de la nature face à un développement inefficace et aveugle », a indiqué Li Keqiang. Et d’annoncer une réduction des émissions, ainsi qu’un plan en faveur de l’eau potable. Améliorer l’environnement est donc une priorité du gouvernement chinois. Toutefois, on peut se demander comment la Chine va réduire ses taux de pollution, lesquels ont atteint de nouveaux sommets à la veille de la session plénière du Parlement. L’objectif de croissance relativement bas annoncé par Li Keqiang est sans doute lié à la lutte contre la pollution qui depuis des années a été sacrifiée au profit d’une croissance parfois effrénée.


Corruption

« Zéro tolérance pour la corruption, il n’y aura aucune exception », a lancé Fu Ying lors de sa déclaration à la presse. Cela inclut les achats de voix de délégués au niveau provincial, récemment mis en exergue dans la province du Hunan. Onze hiérarques du parti ont été récemment démis de leurs fonctions suite à des enquêtes anti-corruption, y compris l’ancien maire de Nankin Ji Jianye, des responsables d’entreprises d’Etat (comme Xu Long, directeur général d’une filiale de China Mobile et le patron d’un syndicat du Jiangxi, Chen Anzhong). L’entourage de Zhou Yongkang – l’ancien patron des services de sécurité – est particulièrement visé par l’actuelle équipe au pouvoir. De même, les voyages à l’étranger, séjours luxueux, cadeaux divers ont été « réduits de 35 % » pour les officiels chinois. Néanmoins, l’Assemblée Nationale Populaire compte une centaine de membres qui sont également cités dans la liste des milliardaires chinois… Faut-il en déduire un lien de cause à effet ?

Défense

Le budget défense connaît cette année une augmentation de 12,2 %, la plus importante depuis trois ans, à 808,2 milliards de yuans (97 milliards d’euros), ce qui correspond à la poursuite de la modernisation de l’appareil militaire chinois. Surtout, la Chine entend démontrer qu’elle est devenue une grande puissance régionale, dans un contexte où les relations avec le Japon – et par extension avec les Etats-Unis – se sont dégradées au cours des douze derniers mois. Pékin a beau jeu de comparer son budget militaire avec celui des Etats-Unis qui s’élevait en 2013 à 600 milliards de dollars (445 milliards d’euros). « La paix ne peut être maintenue que par la force », a déclaré Fu Ying, porte-parole de l’ANP et ancienne vice-ministre des Affaires étrangères. On ne peut pas être plus clair.

La défense n’est pas totalement éloignée de la sécurité intérieure : nul doute que le mystérieux conseil national de sécurité devrait jouer un rôle dans ce sens. La réunion du Parlement chinois s’est en effet tenue quelques jours seulement après l’un des plus graves attentats terroristes que la Chine ait connu depuis trente ans : l’attaque de la gare de Kunming, au sud du pays, par des « terroristes » probablement liés à la région autonome du Xinjiang (29 morts et une centaine de blessés).
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