ANALYSES

Le 21ème siècle américain sera « asiatico-pacifique » ou ne sera pas

Tribune
7 novembre 2011
America is back… in Asia
H. Clinton dresse le bilan du mandat Obama et de son ‘leadership’ international : mort de Ben Laden, succès de la campagne aérienne en Libye et retrait des troupes d’Irak d’ici la fin de l’année. Ces « missions » étant « accomplies » , les États-Unis entendent maintenant se repositionner au « centre des opérations » en Asie-Pacifique, la zone de croissance la plus dynamique du monde, sur les plans diplomatique, économique et stratégique.

‘We are prepared to lead’
« L’avenir se décide dorénavant en Asie » et les Américains entendent à la fois y réaffirmer leur leadership, y sécuriser leurs intérêts et y promouvoir leurs valeurs.

La doctrine américaine se décline en 6 axes :
– renforcement des alliances militaires bilatérales
– approfondissement des relations avec les pays émergents (Chine, Inde, Indonésie…)
– implication dans les institutions régionales multilatérales (ASEAN, APEC)
– développement du commerce et des investissements
– élargissement de la présence militaire
– promotion de la démocratie et des droits de l’homme

La Chine comme rival encombrant
Si l’Inde et l’Indonésie sont définies comme les nouveaux appuis américains du XXIème siècle, l’Australie comme un « global partner » et le Japon comme la pierre angulaire du dispositif de sécurité, la Chine est clairement présentée comme une source de problèmes (questions de sécurité maritime, de cybersécurité, de propriété intellectuelle, de droits de l’Homme, de niveau du yuan) et un challenger encombrant pour l’hégémonie américaine.
Selon Hillary Clinton, les États-Unis ont besoin de l’Asie autant que l’Asie a besoin d’eux. Il y aurait, dans la plupart des pays asiatiques, une demande d’Amérique pour contrebalancer l’influence du puissant voisin chinois, dont la modernisation militaire et les revendications territoriales et maritimes inquiètent(2).
Cette définition des nouveaux objectifs de la diplomatie américaine a évidemment entraîné de vives réactions en Chine où l’on y voit le cadre subtil d’une volonté d’endiguement stratégique de la seconde puissance économique mondiale par la première.

Priorités aux exportations
La « nouvelle » doctrine américaine vise à associer l’économie et la diplomatie au service de la croissance américaine.
Le Président Obama s’est engagé en 2010 à doubler les exportations d’ici 2015. Il faut donc trouver de nouveaux débouchés et promouvoir un commerce « ouvert, libre, transparent et juste ». Les États-Unis entendent donc se positionner sur ces marchés asiatiques dynamiques et en font la priorité des années à venir.

À peine une petite phrase sur notre vieille Europe, une sur l’Afrique et une sur les pays arabes. Le futur mandat d’Obama (s’il est réélu) sera pleinement asiatique(3), comme le montrent déjà ses futurs engagements dans la région dès novembre : voyage en Australie, participation au sommet de l’EAS (East Asia Summit) à Bali, et accueil du sommet de l’APEC à Hawai.

Malgré leur déclin et leurs énormes difficultés financières, les États-Unis, débiteurs de la Chine, se voient encore comme l’unique puissance dominante et n’entendent pas partager ce rôle(4).

(1) America’s Pacific Century, Foreign Affairs, Novembre 2011, interview sur NBC.
(2) On notera que Taiwan n’est pas cité dans l’article.
(3) Ou plus précisément centré sur l’Asie du sud et de l’est. L’Irak et l’Afghanistan, les objectifs du ‘passé’, étaient aussi en Asie.
(4) Ils se définissent dorénavant comme une puissance ‘flexible’, un ‘soft power’ ou un ‘smart power’.