ANALYSES

Conférence de Cancun : chronique d’un échec annoncé

Tribune
28 novembre 2010
Selon l’Organisation météorologique mondiale, le niveau d’émission de gaz à effet de serre a atteint en 2009 le plus haut niveau jamais observé depuis l’époque préindustrielle. La situation est donc encore plus grave que l’an dernier, sans que cela ne semble susciter une réaction ou une mobilisation.

L’idée est de lancer des actions dans quatre domaines : action contre le réchauffement climatique, transfert de technologies propres vers les pays pauvres, lutte contre la déforestation et création d’un nouveau fonds pour assurer le financement des opérations à long terme. Personne ne pense que l’on puisse signer un document juridiquement contraignant à Cancun, alors que le protocole de Kyoto, qui paraît déjà largement insuffisant et dépassé, va expirer en 2012. Les plus optimistes espèrent qu’un traité pourra être conclu lors de la prochaine conférence d’ores et déjà prévue à Durban en décembre 2011. Mais on peut craindre que, de conférence en conférence, on remette toujours à l’année d’après l’idée d’une signature.

La Chine est consciente des difficultés sociales et économiques de la dégradation de son environnement. Elle sait également, qu’à terme, cela peut peser sur son développement. Elle a admis, le 23 novembre, être le principal émetteur de gaz à effet de serre au monde. Mais elle est toujours réticente, ici comme ailleurs, à des contraintes internationales. Aux Etats-Unis, la bonne volonté d’Obama est réelle mais le résultat des élections de mi-mandat et la poussée d’un mouvement isolationniste suscitent l’inquiétude. Les Républicains sont opposés aux réductions d’émissions de carbone et réticents vis-à-vis des énergies propres. L’Union européenne se dit prête à passer d’une réduction de 30 % de ses émissions par rapport aux niveaux de 1990 et a financé à hauteur de 2,4 milliards d’euros par an des projets pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre les conséquences dues aux échauffements du climat.

A Séoul, les leaders du G20 ont reconnu la nécessité de prendre des mesures urgentes pour freiner le changement climatique. On peut craindre, cependant, que ceux-ci restent au stade déclamatoire. Le scénario le plus probable est donc un nouvel échec, la seule différence est que, cette fois-ci, il ne surprendra personne. La lutte contre le réchauffement climatique – ou plutôt son échec – est le meilleur moyen d’illustrer l’absence d’existence d’une réelle communauté internationale. Les scientifiques sont quasi-unanimes à dénoncer le danger de ce réchauffement climatique. Les Etats le reconnaissent également mais sont incapables de prendre des mesures concertées collectives et multilatérales contraignantes.

La mobilisation des opinions publiques, de plus en plus sensibles à ce sujet, se renforce ainsi que le travail d’expertise et de sensibilisation des O.N.G. Elles exercent une pression croissante sur les Etats. Mais cette pression réelle s’exerce sur le temps long, et pour lutter contre le réchauffement climatique, le temps devient déjà court.
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