ANALYSES

L’Europe de la défense à la veille du sommet de Lisbonne

Tribune
12 novembre 2010
Par [Pierre Verluise->http://www.iris-france.org/cv.php?fichier=cv/cv&nom=verluise], directeur de recherche à l’IRIS

“Unie dans la diversité”

“Unie dans la diversité”, telle est la devise de l’Union européenne, comme chacun sait. C’est particulièrement vrai en matière de défense, du moins pour ce qui est de la diversité… En effet, des pays dont la population, la richesse et le niveau d’investissement en Recherche et Développement sont très hétérogènes font des efforts très différenciés en matière de défense.
En 2008, les dépenses de défense rapportées au PIB varient du simple au double pour les six pays les plus peuplés: France et Royaume-Uni (2,32%), Pologne (1,66%), Italie (1,44%), Allemagne (1,27%), Espagne (1,16%). Et, par pudeur, on ne mentionnera pas l’Irlande (0,58%) et Malte (0,50%). Pendant ce temps les Etats-Unis consacrent – à tort ou raison, voire à tort et à travers – 4,3 % de leur PIB pour les dépenses de défense. Moyennant quoi les Etats-Unis représentent 43% des dépenses de défense dans le monde… et les 27 pays de l’UE 19,4%. Rappelons, au passage, que les pays de l’UE rassemblent 501 millions d’habitants. Les Etats-Unis en comptent 193 millions de moins, soit 308 millions d’habitants. Cherchez l’erreur…En réalité, les dépenses militaires de l’UE sont concentrées dans quelques pays membres. 19 pays sur 27 affichent des dépenses de défense inférieures à 5 milliards d’euros.

Un manque d’éthos ?

Par ailleurs, moult expertises ont démontré que les pays membres de l’UE n’arrivent pas vraiment à faire des économies d’échelle, autrement dit, leur défense pèse moins que ne pourrait le faire croire l’addition sommaire de leurs budgets, troupes et matériels. Ajoutons que la crise économique – venue des Etats-Unis, merci – gonfle dangereusement les déficits des budgets publics et contraint déjà nombre de pays membres de l’UE à tailler dans les dépenses. Ce qui risque de peser sur les budgets de défense.

Manque de moyens ou manque de volonté politique ? A moins qu’il ne s’agisse d’une question de mentalité, voire d’un manque d’éthos.

Serait-il possible de faire mieux avec moins ? Peut-être convient-il d’apprendre à dépenser de manière plus pertinente, stratégique pour tout dire. Seule certitude, avec ou sans les Européens, l’histoire continue.

Article publié en partenariat avec Global Brief.

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