ANALYSES

Prochaine visite d’Obama en Chine : une nouvelle ère dans les relations sino-américaines ?

Tribune
12 novembre 2009
Depuis l’installation de l’administration Obama, les relations sino-américaines ont connu de multiples tensions (discours d’investiture d’Obama, question de la sous-évaluation du yuan, accrochage dû à la présence de navires militaires américains proches des côtes chinoises …) mais, l’interdépendance économique des deux pays est telle qu’ils ne peuvent se passer l’un de l’autre (4).

La préparation du sommet de Copenhague (question climatique) sera au cœur des discussions.
La Chine et les Etats Unis totalisent 40% des émissions mondiales de CO2. La Chine a dépassé les Etats-Unis en volume total d’émissions (6.600 millions de tonnes d’équivalent CO2 pour la Chine contre 6.400 millions de tonnes pour les Etats Unis en 2008), toutefois un Chinois émet encore cinq fois moins de gaz à effet de serre qu’un consommateur américain moyen (4,8 tonnes contre 21 t).

Les problèmes de sécurité seront également à l’agenda : avec bien évidemment le nucléaire iranien et nord-coréen, mais aussi les questions militaires bilatérales. Les Etats-Unis sont très attentifs à l’évolution et à la modernisation de l’armée chinoise et souhaitent plus de transparence sur le budget militaire chinois. De son côté, Pékin considère que les ventes d’armes par les Etats-Unis à Taiwan constituent toujours l’un des principaux obstacles au développement des relations militaires entre la Chine et les Etats-Unis.

Sur le plan économique, les tentations de protectionnisme commercial sont fortes : taxation par les Etats Unis des pneus chinois ou des tubes en acier, critiques des subventions américaines à l’industrie automobile ou à la production de poulet !
Les Etats-Unis qui enregistrent actuellement leur plus important déficit commercial avec la Chine (143,7 milliards de dollars sur les huit premiers mois de 2009) considèrent que la monnaie chinoise est sous-évaluée ce qui dope artificiellement leurs exportations. La Chine souhaite quant à elle accéder rapidement au statut d’ économie de marché (5), jugeant que son statut actuel d’ économie en transition lui est défavorable dans les enquêtes commerciales conduites par l’OMC (6).

Enfin, concernant les droits de l’homme, les associations qui militent pour la libération de Hu Jia ou de Liu Xiaobo, pour le Tibet (7), pour le Xinjiang et, plus largement, pour les libertés (d’expression, de la presse, syndicale, religieuse…) pressent le président Obama, d’évoquer ces questions lors de son voyage dans l’Empire du milieu (8).

Quelle sera la position du nouveau prix Nobel de la Paix ?

Lors de sa dernière conférence de presse, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, He Yafei indiquait : « Nous croyons que la visite du président Obama en Chine sera un succès avec des efforts concertés des deux côtés ».

(1) Lors de sa tournée asiatique, le Président américain se rendra au Japon, à Singapour, en Chine et en Corée du Sud.
(2) Shanghai devrait finalement voir s’installer en 2014 un parc Disney. Les investissements sont estimés à 3,6 milliards de dollars.
(3) La première rencontre a eu lieu en avril à Londres et la seconde à New York en septembre en marge du sommet sur le changement climatique.
(4) Comme le soulignait le vice-Premier ministre Wang Qishan lors de la réunion de la Commission conjointe sur le Commerce sino-américaine (JCCT) à Hangzhou en octobre dernier.
(5) Prévu en 2016 lors de son accession à l’OMC.
(6) En 2008, la Chine a fait l’objet de 73 enquêtes d’anti-dumping et de 10 enquêtes d’anti-subvention, représentant respectivement 35 % et 71 % des cas mondiaux, et faisant de la Chine le membre de l’OMC ayant subi le plus grand nombre d’enquêtes commerciales dans le monde.
(7) Le Président Obama a refusé de renconrer le Dalaï Lama avant sa visite en Chine mais la rencontre pourrait avoir lieu après sa tournée asiatique.
(8) Lors de son voyage à Pékin en février 2009, Hillary Clinton avait principalement évoqué les questions économiques et commerciales, semblant relativiser la question des droits de l’homme au profit de la « diplomatie des bons du trésor ».