ANALYSES

Les résultats mitigés du G 20 de Pittsburg (24-25 septembre 2009)

Tribune
28 septembre 2009
La dernière réunion du G20 de Pittsburg qui s’est terminée samedi matin prolonge certaines décisions, permet certaines avancées mais celles-ci demeurent limitées. Si l’on ne peut parler avec J. Attali d’un G vain , on est loin d’un nouveau Bretton Woods. Les transformations les plus significatives concernent le poids reconnu au G20 comme instance de coordination traitant des questions économiques alors que le G8 traitera des questions diplomatiques. Les pays émergents, notamment la Chine, vont bénéficier au sein du FMI d’une augmentation de 5% des quotes-parts cédés par les pays européens. La nécessité de coordination des plans de relance a été énoncée vis-à-vis d’une économie mondiale qui va mieux mais qui n’est pas sortie de la récession. La France a obtenu que les bonus des traders soient limités mais non plafonnés et que le principe du bonus-malus soit institué. Des mesures de réglementation ont été prises concernant les normes comptables ou l’accroissement des fonds propres des banques vis-à-vis des activités à risques.

Malgré des avancées dans la régulation et la coordination des politiques nationales, on est loin d’un nouveau Bretton Woods répondant à la constitution d’un monde multipolaire permettant aux puissances émergentes mais également aux pays moins avancés, de trouver place dans la nouvelle architecture internationale. On peut seulement parler d’un léger infléchissement vers le multilatéralisme et les jeux coopératifs.

Trois questions majeures n’ont pas été abordées.
– La régulation financière mondiale est en attente. Seules des règles micro prudentielles concernant les acteurs financiers ont été prises et non les régulations macro prudentielles évitant les risques systémiques. La disjonction demeure entre les régulations demeurant du ressort des Etats et des grandes puissances et la mondialisation du capitalisme. Dans le domaine monétaire, le FMI n’est pas le super gendarme nécessaire dont les règles s’appliqueraient à tous. Il demeure lié aux décisions du G 7. Les actions vis-à-vis des paradis fiscaux dénommés en langage diplomatique juridictions non transparentes et non coopératives (10000 milliards$), et de leurs liens avec les multinationales demeurent limitées au-delà d’une plus grande transparence. Les mesures de taxation des capitaux provenant de ces paradis n’ont pas été mises en œuvre.
– Les questions clés des monnaies et des accords portant sur les taux de change des grandes monnaies (dollar, euro, yen et yuan) ont été occultées. Le bras de fer demeure entre la Chine et les Etats-Unis à propos du $, de son rôle de monnaie de réserve et son niveau. Les Américains ont antérieurement accusé les Chinois de sous évaluer leur monnaie, le yuan, dont le cours est déterminé par les autorités et non par le marché et de bénéficier ainsi d’une compétitivité change et d’une politique mercantiliste favorisant les exportations et l’emploi. Les Chinois ont antérieurement récusé le rôle de monnaie de réserve du $ de la part d’un pays très endetté. En réalité, les réserves de 2000 milliards $ de la part de la Chine les rendent dépendants du cours du $. Alors qu’elle favorise une expansion de la masse monétaire. Il y a risque de spéculation boursière et immobilière. La résolution de la crise passe par un rééquilibrage de la balance commerciale chinoise, une réévaluation du yuan et une réduction des réserves et de la masse monétaire. Elle passe par une réduction du déficit américain et une réduction de l’endettement. Les déficits et excédents structurels des paiements courants doivent être fortement réduits par appréciation du yuan et relance de la consommation et des importations chinoises.
– L’économie de casino continue face à une économie productive. Dès lors qu’elles ont retrouvé le chemin des bénéfices après avoir été renfloué par l’Etat les banques reviennent à leur ancienne pratique. Ainsi les bonus provisionnés par Goldman Sachs s’élèvent en 2009 à 20 milliards $ et ceux de la société générale et la BNP à plus d’1 milliard d’euros. Les enjeux demeurent ceux de la répartition des revenus au niveau mondial et des changements des modes de consommation et de production moins énergivore et plus respectueux d’une croissance soutenable.

La nécessité d’un nouveau Bretton Woods demeure. Celui-ci parait toutefois utopique dans le contexte international actuel. La Conférence de Bretton Woods s’était achevée en juillet 1944 alors que la seconde guerre mondiale n’était pas terminée. Les grandes puissances anglo-saxonnes contrôlaient l’architecture internationale et le monde était constitué d’empires coloniaux. Les enjeux étaient de reconstruction et monétaires. Le $ avait été alors pris comme étalon. Est-il possible en dehors de situations conflictuelles de réformer l’architecture internationale et de réguler le capitalisme financier ?