ANALYSES

L’abandon du projet américain de bouclier anti-missiles : quelles conséquences?

Tribune
18 septembre 2009
C’est en effet en réaction à ce projet que Vladimir Poutine avait prononcé un discours virulent lors de la 43ème Conférence sur la sécurité de Munich, en février 2007. C’est encore contre ce bouclier que Dmitri Medvedev avait menacé de déployer des missiles à Kaliningrad, enclave russe encerclée par l’Union européenne.

Les autorités russes ont donc réagi très favorablement à l’annonce de Barack Obama, dans laquelle Dmitri Medvedev voit une décision « responsable ». Jugé plus adéquat pour répondre à la menace iranienne, le déploiement de missiles SM-3 pouvant détruire des fusées à courte et moyenne portée ne remet pas en cause l’équilibre stratégique entre la Russie et les Etats-Unis. Pour Moscou, cela équivaut à reconnaître enfin son statut de grande puissance et ses intérêts nationaux. Dans un climat plus apaisé depuis l’arrivée au pouvoir du président démocrate, alors que l’adhésion de l’Ukraine ou de la Géorgie à l’OTAN ne semble plus d’actualité, cette inflexion majeure est susceptible d’ouvrir la voie à une collaboration accrue entre Moscou et Washington. C’est donc une avancée considérable dans la perspective de, mais aussi dans le cadre du dossier iranien où la coopération russe est essentielle.

La décision américaine marque également un tournant important pour les pays d’Europe centrale et orientale. Ceux-ci s’en remettaient en premier lieu aux Etats-Unis pour assurer leur sécurité, notamment face à une Russie souvent perçue comme une menace. Dans ce contexte, ces pays ne peuvent qu’être inquiets en observant le rapprochement russo-américain amorcé par le discours du vice-président Biden à la conférence de Munich sur la sécurité, confirmé par la visite de Barack Obama à Moscou en juillet et scellé par le revirement sur le projet de bouclier anti-missiles. En dépit des déclarations du président américain destinées à les rassurer, les pays d’Europe centrale pourraient être amenés à revoir les fondements de leur sécurité et à se tourner davantage vers l’Union européenne, hier jugée impuissante, demain peut-être incontournable en matière sécuritaire.
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