ANALYSES

Armstrong et le faux procès d’antiaméricanisme fait à la France

Tribune
23 juillet 2009
Un retour pas tout à fait désintéressé

Il gagne son premier Tour de France en 1999, épreuve qu’il va remporter sept fois d’affilée, ce qui constitue le record absolu. Il interrompt sa carrière à l’issue de sa septième victoire en 2005. En septembre 2008, il dit vouloir reprendre le maillot et participe au Tour de France 2009.
Au même moment, dans un livre intitulé « Le Sale tour », Pierre Ballester et David Walsh affirment que le retour de Lance Armstrong dans le peloton est avant tout une affaire économique et politique. Il songerait à se présenter aux élections de gouverneur du Texas en 2014. Ils révèlent par ailleurs que son combat contre le cancer n’est pas tout à fait désintéressé. Il se ferait payer 200 000 dollars par conférence (le double de Bill Clinton ! ), somme qu’il garderait pour lui et ne reverserait pas à sa fondation.
Lance Armstrong a été l’objet de nombreuses accusations et suspicions de dopage. Lors de sa première victoire, il avait été contrôlé positif aux corticoïdes, mais avait bénéficié d’un certificat médical présenté a posteriori. Dans un livre publié en 2004, « L.A. confidential », il est fait état de doutes de son ancienne masseuse et d’anciens coéquipiers.
Le 23 août 2005, le journal L’Equipe publie une enquête dans laquelle il est révélé que six échantillons d’urine de Lance Armstrong datant de l’épreuve cycliste de 1999 contenaient de l’EPO. Armstrong a toujours nié ces accusations, les mettant sur le compte de la jalousie et arguant du fait qu’au cours de sa carrière, il n’avait jamais été contrôlé positif.

Une personnalité controversée

Il est extrêmement populaire aux Etats-Unis où sa lutte – et sa victoire – contre le cancer sert de modèle et d’espoir pour ceux qui souffrent de cette maladie. Il a noué une relation de proximité avec George W. Bush, adepte du cyclisme et texan comme lui. Lance Armstrong a dominé le cyclisme pendant une décennie sans jamais être réellement populaire en Europe.
Curieusement, il n’y a jamais été considéré comme quelqu’un de chaleureux et d’humain, et sa victoire contre le cancer n’a pas suscité le même courant de sympathie qu’aux Etats-Unis, où le cyclisme n’est pas un sport majeur, et où il est plus populaire pour son combat contre le cancer que pour ses victoires sportives. Son caractère hautain et relativement cassant, et la répétition de ses victoires y sont pour beaucoup.
Homme des courses d’un jour avant sa maladie, il est devenu le roi incontesté des courses d’étape qui demandent beaucoup plus d’endurance, ce qui a alimenté les rumeurs de dopage. Il avait des rapports ambivalents avec la France, puisque c’est sur le Tour, épreuve cycliste reine, qu’il a fait sa renommée.
Il a toujours reproché aux Français de lui mettre des bâtons dans les roues et de le faire par « antiaméricanisme », sentiment qui s’exacerbe par sa proximité avec Bush, peu populaire en Europe après la guerre d’Irak. Pourtant, il a reçu un bon accueil et la presse française a évité de lui poser des questions gênantes sur le dopage.

Victime de son antipathie


L’argument de l’antiaméricanisme paraît peu pertinent car les mêmes Français éprouvaient pourtant une très grande sympathie pour Greg Lemond, cycliste américain vainqueur de deux tours de France, et l’avaient même applaudi lorsqu’il avait battu de 8 secondes le Français Laurent Fignon sur le Tour de 1989. Lemond apparaissait aux Français comme sympathique et humain.
Ce dernier s’est d’ailleurs plaint des manœuvres d’intimidation de Lance Amstrong à son égard lorsque il avait émis des doutes sur les performances de son compatriote. Ce n’est donc pas par antiaméricanisme qu’Armstrong et Bush sont critiqués. Preuve en est la grande popularité d’Obama et de Lemond.

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