ANALYSES

Et si l’avenir de l’OTAN était dans ses partenariats ?

Tribune
21 juillet 2009
Le CPEA, fondé en 1997, réunit les 28 membres de l’OTAN ainsi que les 22 pays participant au Partenariat pour la Paix (PpP). L’objectif affiché du CPEA est de renforcer la coopération entre l’Alliance et ses partenaires pour rendre le PpP plus opérationnel et plus effectif. Dans ce sens, l’OTAN a décidé d’organiser tous les deux ans un forum de sécurité, dont le premier s’est tenu en Suède en 2005 avant d’aller en Macédoine en 2007.


La proposition kazakhe d’accueillir cet évènement s’inscrit dans la continuité d’une coopération soutenue entre Astana et l’OTAN. En effet, c’est le seul pays de la région à avoir signé un Plan d’action individuel pour le Partenariat. Comme l’a indiqué au forum le ministre kazakh des Affaires étrangères Marat Tazhin, « un dialogue politique avec l’OTAN est d’une importance particulière puisqu’il offre l’opportunité d’aboutir à une meilleure compréhension des besoins en Asie centrale et de ses spécificités ». Le Kazakhstan envisage en outre d’envoyer des troupes en Afghanistan, ce qui ne sera toutefois pas possible avant l’an prochain, date à laquelle la force KAZBAT aura atteint le niveau d’interopérabilité requis par l’OTAN. Cela n’empêche pas Astana de cultiver une relation très proche avec la Russie, ce qui explique par exemple son refus de participer à l’exercice militaire qui s’est tenu en Géorgie en juin.

Coopérer sur l’Afghanistan

La tenue de ce forum de sécurité en Asie centrale est le signe de l’importance que l’Alliance prête à cette région, du fait notamment de l’Afghanistan, car les pays d’Asie centrale hébergent des bases alliées et sont utilisés comme routes de transit par la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS). Le problème afghan est de surcroît problématique pour les pays de la région. Ils sont directement concernés par le trafic de drogue qui transite par leur territoire et qui affecte leur population, comme l’a encore indiqué le nouveau rapport annuel de l’ONU sur la drogue. C’est donc dans une optique de coopération afin de lutter contre le trafic de drogue que ces pays, de manière bilatérale et via l’OCS, ont souhaité se rapprocher de l’Otan.

Un premier pas a été franchi lors de la réunion d’Astana avec la présence du Secrétaire général de l’OCS, Bolat Nurgaliev. Un représentant de l’Alliance s’était déjà rendu->http://affaires-strategiques.info/spip.php?article1058] en mars dernier à Moscou pour une conférence de l’OCS sur l’Afghanistan, mais c’est la première fois que les Secrétaires généraux des deux organisations se retrouvaient à un même sommet. En conférence de presse, le Secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, [s’est montré prudent quant à la signification de cette rencontre qu’il a simplement qualifié de « première interaction », sans épiloguer sur de possibles relations.

Renforcer le Partenariat

Plus largement, ce forum de sécurité peut être l’incipit d’un nouveau chapitre dans les relations entre les partenaires du PpP, notamment ceux d’Asie centrale, et l’OTAN. « Le Partenariat] est devenu un instrument unique pour affronter des défis communs dans un monde de plus en plus globalisé », a [affirmé->http://www.nato.int/cps/en/SID-57933CE7-325BB12E/natolive/opinions_55878.htm] Jaap de Hoop Scheffer dans son discours. Il a insisté sur le fait que le PpP fonctionnait dans les deux sens et il estime qu’il est aujourd’hui suffisamment solide pour accentuer la coopération entre les deux parties. La veille, il avait [cependant pris soin de souligner que chaque partenaire était libre de définir le type et la profondeur de l’engagement qu’il souhaitait avec l’Alliance. Il a ajouté que l’OTAN ne cherchait pas à court-circuiter les relations que les pays d’Asie centrale entretenaient avec d’autres organisations régionales, comme l’OCS.

Pour ce dernier forum de sécurité du CPEA que Jaap de Hoop Scheffer présidait comme Secrétaire général de l’OTAN, celui-ci a tenu un discours beaucoup plus ambitieux que les fois précédentes sur les capacités et les débouchés éventuelles du PpP. La veille, il avait même déclaré, à propos du Partenariat, que « nous devons le préserver et le développer encore plus – pour le bien de notre sécurité et pour celui de la sécurité des générations futures ». Depuis le lancement du PpP en 1994, et encore plus depuis les attentats du 11 septembre, l’objectif a été d’entretenir une culture commune de sécurité par la coopération pour que l’Alliance et les partenaires se retrouvent sur des défis sécuritaires communs, comme le terrorisme. La pérennisation du PpP, le volume d’activités proposées aux partenaires – environ 2000 – et leur volonté, à quelques exceptions près comme l’Ouzbékistan, d’y participer semblent abonder dans le sens de de Hoop Scheffer.

Toutefois, il sera important que les Alliés précisent la direction qu’ils souhaitent prendre sur le PpP, mais également sur les autres partenariats que sont le Dialogue méditerranéen et l’Initiative de coopération d’Istanbul ; des partenariats dont les vocations semblent ne plus être tournées vers une adhésion, sauf quelques pays comme la Géorgie, mais plutôt vers la promotion de défis sécuritaires communs par la coopération et de réponses concertées, et la formation de troupes aux standards de l’Alliance capables d’intervenir à ses côtés dans des missions de maintien de la paix. Les partenariats prennent de plus en plus d’importance dans les activités de l’Alliance et dans sa transformation en organisation politico-militaire, alors même que peu de membres ont une vision définie à ce sujet. Le prochain concept stratégique devra répondre à ces questions pour que ces programmes continuent de se développer, mais aussi pour que les membres leur attribuent la même place, de plus en plus significative, que celle défendue à l’intérieur de l’organisation.