ANALYSES

La Case de l’oncle Tom et le Bunker

Tribune
22 mai 2009
Le Premier ministre israélien avait à ses côtés Michael Oren, le nouvel ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis et lui-même historien et auteur d’un ouvrage sur les attitudes américaines envers le Proche Orient, dans lequel il relève que Twain était dégoûté par les Musulmans.

Michael Oren est d’origine américaine. Il appartient à la garde rapprochée idéologique de Benjamin Netanyahu, les néoconservateurs de l’Institut Shalem à Jérusalem. Israël est le dernier endroit au monde où ces idéologues peuvent encore humer l’air du pouvoir depuis que les électeurs américains les ont renvoyés dans leurs instituts à Washington et New York. Oren est un fervent partisan de l’unilatéralisme. Israël dit-il, devrait se retirer unilatéralement sur des frontières qu’il déterminerait en fonction de la démographie juive, de ses besoins stratégiques, des lieux saints et des ressources naturelles. Epouvanté par les accords d’Oslo en 1993, il avait proposé la formation d’un bloc de centre droit dirigé par le général Ehoud Barak, à l’époque chef d’état major (Oui, Ehoud Barak était contre Oslo !) et Benny Begin du Likoud. Cela, pour faire contrepoids à Yitzhak Rabin tiré à gauche et Netanyahu tiré à droite ! Visiblement remarque Akiva Eldar dans Haaretz , Oren a changé d’avis sur Bibi Netanyahu.

Parmi les néoconservateurs en fonction dans l’entourage du Premier ministre, on retrouve Moshé « Boogie » Yaalon, l’ancien chef d’état major qui a dirigé la répression de la seconde Intifada. Pour lui, la guerre avec les Palestiniens est existentielle et constitue la suite du combat mené par l’état juif depuis 1948. Récemment, il a écrit un article dans le revue de l’institut Shalem intitulé « le processus diplomatique peut attendre ». Il est ministre des affaires stratégiques. Nathan Sharansky, l’ancien refuznik, est candidat à la présidence de l’Agence juive. Son ouvrage : « Défense de la démocratie » était le livre de chevet de George Bush et du vice-président Dick Cheney. Ron Dermer, son co-auteur est devenu le responsable de la communication de la présidence du conseil à Jérusalem.

A cette liste il faut ajouter Ouzi Arad, le nouveau patron du conseil national de sécurité israélien, ancien du Mossad, proche du très néoconservateur Institut Hudson à Washington. Ces hommes apportent un ciment idéologique à la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu. Ils s’opposent à toute concession territoriale à la Syrie et à la création d’un Etat palestinien indépendant et sont persuadés qu’Israël peut résister aux pressions de l’administration Obama. De toute manière disent-ils, Israël ne reçoit plus d’aide économique directe des Etats-Unis, seulement une aide militaire à laquelle Washington n’osera pas toucher. Et puis, Bibi pourra toujours brouiller les cartes par exemple « en prenant son destin en main et en attaquant le nucléaire iranien ». De passage en Israël, il y a quelques semaines Leon Panetta, le patron de la CIA, a mis en garde ses interlocuteurs : « ne nous surprenez pas sur le dossier iranien ! » Les paris sont ouverts.