ANALYSES

« Le monde a changé, et plutôt en pire »

Presse
23 septembre 2020
La 8e édition des « Géopolitiques de Nantes » se déroule vendredi 25 et samedi 26 septembre au Lieu Unique. Pour Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et créateur de l’événement, « il y a quand même quelques facteurs d’espoir ».

Depuis la première édition des Géopolitiques de Nantes, voici sept ans, le monde a beaucoup changé. En mieux ou en pire ?

Le monde a changé, et plutôt en pire : Trump a remplacé Obama, le multilatéralisme est en crise, la situation dans de nombreux conflits comme en Syrie ou entre Israël et la Palestine ne s’est pas améliorée, elle s’est dégradée dans d’autres pays comme la Libye. La montée en puissance de la Chine inquiète et les problèmes de voisinage entre la Russie et les pays européens ne sont pas résolus. Il y a quand même quelques facteurs d’espoir, comme on l’a vu avec le sursaut européen après la crise du Covid-19 ou le fait que les populations continuent de vouloir se faire entendre, comme au Soudan, en Biélorussie ou en Algérie.

Revendiquez-vous un regard de gauche sur la géopolitique ?

En France, le vrai clivage sur les relations internationales n’est pas entre la droite et la gauche. Peut-être dans d’autres pays mais pas ici. Pour moi, la vraie ligne de clivage est plutôt entre les gaullo-mitterrandistes, école dont je me revendique, et les atlantistes occidentalistes. Cette ligne est beaucoup plus importante que la ligne gauche-droite car on a les uns et les autres dans chacune des familles politiques.

Considérez-vous la guerre économique entre les puissances comme centrale ?

La géopolitique, c’est le mélange de l’ensemble des domaines du savoir. Aussi bien la politique que la géographie, l’histoire et l’économie. Quand on parle de la Chine et des États-Unis, il y a évidemment une dimension économique. Quand on parle de l’Afrique aussi. Et pour les États-Unis, selon Donald Trump, les pays européens sont des alliés stratégiques mais des ennemis économiques…

Pourquoi avez-vous invité Cécile Duflot à prononcer la leçon inaugurale de cette édition ?

Nous l’avons davantage invitée comme directrice générale d’Oxfam France que comme ancienne ministre du gouvernement de François Hollande. Ce qui nous intéresse, c’est sa double expérience de femme politique reconvertie dans une ONG qui lutte contre les inégalités au niveau mondial.

Le casting des intervenants, avec par exemple Rokhaya Diallo, n’est pas forcément des plus consensuels…

Il paraît que moi-même je ne le suis pas ! Ce qu’on cherche, dans ces douze conférences, c’est la qualité et la diversité. On veut éviter la foire d’empoigne, comme sur certaines chaînes d’information permanente, et avoir un débat contradictoire où les intervenants donnent des points de vue différents dans le respect des contradicteurs. C’est un peu la marque des Géopolitiques de Nantes.

La crise sanitaire modifie-t-elle le déroulement de cette édition 2020 ?

Il y aura une limitation du nombre de places pour respecter les gestes barrières et les distances. Le Lieu Unique a aussi mis en place des sens de circulation qui n’existaient pas auparavant. Et toutes les conférences seront diffusées en direct en vidéo sur notre chaîne YouTube.
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